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Analyste:
Jean-Christophe Pucek Georg Muffat l'Européen. Né en Savoie, formé à Paris (peut-être auprès de Lully lui-même), puis élève de Pasquini et Corelli à Rome, il fit l'essentiel de sa carrière à Vienne, Salzbourg et Passau. Il contribua à y implanter le style mêlé, où tournures françaises, italiennes et germaniques se fondent en « une harmonie instrumentale plus exquise ». Cosmopolite (comme l'indique son nom emprunté à une pièce de Calderon), El Gran Teatro del Mundo l'a choisi pour figure tutélaire de son premier disque ; idée lumineuse, d'autant que les huit musiciens trouvent d'emblée le ton, les nuances justes pour servir sa musique. Les teintes terreuses du Grave initial de la Sonate en sol mineur n'en rendent que plus ardent le rebond de l'Allegro qui suit. Tension (Forte e allegro) et tendresse (Sarabande) se relaient, puis un tempo retenu fait saillir avec audace les dissonances du cinquième mouvement qui s'évaporent au sourire de la Borea finale. Plus illustrative, la Suite Nobilis Juventus, après une Ouverture où s'exprime une distinction sans raideur, se feuillette comme un recueil de vignettes aux couleurs vives (Gigue des Anglois) et délicates (Menuets pour les François) ; la variété d'ornements, de touche qu'apportent les interprètes nous régale, périmant l'opulence un rien figée de Duftschmid (CPO, 1999).
La Suite en ut tirée du rare Journal du printemps de Fischer n'a nul besoin des trompettes, encore moins des percussions utilisées par Michi Gaigg (CPO, 2007), pour briller, comme le démontre la lecture à la pulsation fluide (Ouverture, Chaconne) que proposent les nouveaux venus. À l'instar de Muffat, Telemann entretenait des liens forts avec les musiques italienne et française, sa Suite TWV 55/Es4 inclinant plutôt vers la seconde. L'Arpa Festante (Carus, 2015) paraît bien sage à côté d'El Gran Teatro del Mundo. La légèreté de l'effectif, mais surtout sa maîtrise, sa complicité signent une interprétation au charme et à la fraîcheur épatants, dont nous applaudissons l'élan (Menuets), le pittoresque (Polonoise), et l'émotion (Aria). |
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