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Analyste: La cantate de chambre, genre élitiste destiné à divertir les invités des académies et des salons, n'occupe chez Vivaldi qu'une place modeste. Trente-sept pièces au total, quantité négligeable face aux trois cent soixante-dix-huit sorties de la plume de Benedetto Mar-cello ou aux six cent vingt d'Alessandro Scarlatti. Rien d'étonnant à cela. La moitié remonte à ses années mantouanes (1719-1720), lorsque sa fonction de musicien de chambre lui imposait d'en composer. L'autre moitié est postérieure de dix ans (1727-1728) à sa période de grande notoriété qui l'amenait à fréquenter le salon de la chanteuse Faustina Bordoni, son élève pense-t-on. Ses cantates pour soprano ou alto et basse continue se bornent à suivre les conventions du genre. A une exception près : dans l'étonnante Sorge vermiglia in ciel destinée à un castrat virtuose de la cour de Dresde, la performance est une fin en soi et importe plus que les mots. Les interprètes y ont rarement convaincu. Oublions Nella Anfuso et son pénible traité de rhétorique ornementale ; les intégralistes Ceci-lia Gasdia ou Roberta Invenizzi, uniformisant le discours, ennuient vite. Priorité à la lisibilité expressive, à la précision de l'émotion décrite sous la direction de Sardelli, qui fait hélas appel à des chanteuses trop modestes. Rien de tel ici. Le soprano d'Arianna Vendittelli s'impose, comme hier la mezzo Laura Polverelli (Naïve, 2002). On aime la chaleur de cette voix ronde comme sa belle théâtralité. Bien projetée, puissante, dotée d'aigus fermes, elle affronte les amples sauts de registre de Sorge vermiglia in ciel avec un contrôle remarquable. Saluons un continuo astucieux : au clavecin délicat d'Andrea Buccarella et au théorbe inventif de Simone Vallerotonda qui papillonnent dans La farfaletta s'aggira al lume se joignent, au gré des sentiments, un basson goguenard (RV 665 et 669) et même un orgue (RV 667 et 652). Le plus beau moment du disque est l'air « Ti confido il pianto mio » de la cantate Aure voi più non siete : cette plainte que Daliso confie à l'onde du ruisseau nous bouleverse. Ça coule, doux, irrésistible. L'ostinato hypnotique de violoncelle, le tapis de théorbe et l'orgue cajolant la voix dessinée avec le juste affect révèlent une finesse d'approche inouïe. Une réussite. |
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