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Outil de traduction |
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Analyste: Paul de Louit Benjamin Alard donnerait-il ici le plus beau volume de son intégrale en cours ? Nous trouvions son Volume IV, italianisant, bien peu italien (cf. n° 698). C'est que le sourire transalpin se réfugiait dans ce Bach de Weimar et dans les couleurs mordorées de l'orgue récent construit à Paris par Quentin Blumenrœder ; dans cette Toccata en fa majeur d'une virtuosité tournoyante et solaire ; dans cette Toccata BWV 565 d'un phantasticus tout en élans maîtrisés ; dans ces chorals qui chantent Dieu en langue profane. Profane, et même galante : car le clavecin-pédalier donne une tonalité bien sentimentale aux quatre variations de la partita Sei gegrüsset dans la version du manuscrit P 802 de Berlin - copie issue du cercle de Bach à Weimar. Aux inquiétudes harmoniques de la Toccata en fa dièse mineur BWV 910 répond la sérénité du Prélude et fugue en la majeur BWV 536a : l'une pour clavecin, l'autre pour orgue, leur idiome apparaît ici bien similaire. Seule faute de goût à notre avis : jouer au clavecin la Toccata « dorienne », dont la destination à l'orgue est plus que documentée. Notre CD préféré est celui confié au clavicorde. Sublime exercice d'expressivité que celui qui démontre ainsi la polyvalence de cet instrument, passant des concertos aux chorals avec non seulement aisance mais une gamme de sensibilité qui prélude à l'Empfindsamkeit. Que de réflexions suscite ce coffret ! Sur le langage instrumental de Bach, évidemment, et l'ébranlement de nos habitudes, mais davantage encore sur la destination de ces pièces, et c'est la grande richesse de la démarche de Benjamin Alard. Concert ? culte ? joies domestiques ? Leurs porosités font s'interpénétrer affects, vie quotidienne et spiritualité avec une simplicité dans la complexité infiniment proche de ce Bach déjà si maître de ses moyens et si habité. |
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