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Analyste:
Loïc Chahine Dès la première moitié du XXe siècle, les Symphonies pour les soupers du roi ont fait partie du répertoire de l'ancienne musique française : Roger Désormière en gravait quelques extraits en 1946, suivi entre autres par Louis de Froment et Jean-François Paillard. Hugo Reyne et sa Simphonie du Marais enregistraient en 1990 une intégrale. Trente ans ont passé, et Vincent Dumestre propose à son tour une sélection qui vient rappeler qu'outre ses hautes fonctions à la Chapelle royale, Lalande était aussi un musicien de la Chambre et fournissait à ce titre des compositions pour accompagner le quotidien de Sa Majesté. Certaines pages reflètent les goûts de Louis XIV, à commencer par cette Grande Pièce « que le roi demandait souvent ». Leurs titres rappellent que certaines danses proviennent d'œuvres scéniques : Marche des bergers , Air des combattants , Entrée des matelots … Les amateurs reconnaîtront l'Ouverture de l'opéra-ballet Les Eléments écrit avec Destouches et partiellement exhumé par Les Surprises (cf. no 648). De fait, Le Poème Harmonique nous mène au théâtre. Dès la Grande Pièce royale, Dumestre soigne les contrastes entre tutti et solos, invite une musette. Rien ne démentira par la suite cette esthétique de l'illustration : pièce pour les violes, petites flûtes, doublures de cordes pincées, percussions très étudiées… On adhérera ou pas, admirant, comme dans le récent Cadmus et Hermione (cf. no 702), la pâte généreuse de l'orchestre, son éclat. Les textures de cordes enchantent (par exemple dans le Caprice de Villers-Cotterêts à partir de 0' 39''), la tendre verdeur des anches charme, le soin du détail pique l'appétit. Le chef excelle à mener son monde et à créer des atmosphères - écoutez La Villageoise de Mr Rebel, la Passacaille en ut. Mais en admettant que ces Symphonies puissent servir de base à une instrumentation assez moderne dans son esprit, il demeure fort regrettable que soient ignorées certaines indications des recueils copiés en 1727 et 1745 : là où, par exemple, les manuscrits préconisent une alternance entre hautbois seul et « tous », Du-mestre refait sa propre salade ; il supprime bon nombre d'ornements et de liaisons écrits pour imposer un phrasé différent… En somme, si tout cela ne manque pas de séductions, gardons en mémoire qu'elles opèrent çà et là au prix de compromis avec la partition. A chacun de juger si c'est péché véniel ou mortel. |
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