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Analyste: Loin de l'obscurantisme dont la modernité l'a affublé, le Moyen Age inventa l'université : les esprits les plus brillants de leur époque redécouvraient, traduisaient et étudiaient les nombreux savoirs antiques. Autour d'Aristote, Hippocrate ou Euclide, les villes de Paris, Oxford ou plus tard Prague s'animaient d'une vie intellectuelle intense et fourmillante - et de débats théologiques houleux : les universités étaient aussi des institutions de l'Eglise. La Schola Gregoriana Pragensis accompagne des étudiants-clercs pragois des XIVe et XVe siècles sept jours durant, à la découverte de leur univers musical. Les riches collections de manuscrits médiévaux d'Europe centrale, assorties d'un long travail musicologique, permettent au chœur tchèque de proposer ce panel de musiques sacrées et spirituelles, dans lequel le plain-chant occupe une place de choix. Et dans le plain-chant, la Schola Gregoriana Pragensis excelle : leur maîtrise s'épanouit dans les cantiones comme dans les chants de la messe ou de l'office. Les monodies, enveloppées par la rondeur suave du chœur d'hommes, gardent une expressivité sobre, toujours au service de la clarté du texte. Les polyphonies vocales, elles, déçoivent : de la cantio Poligen aexanimes au rondeau Jour à jour, les phrasés s'alourdissent, le vibrato s'invite et l'équilibre des voix s'obscurcit. Les choix timides (ou l'absence de choix ?) de musicaficta - ces altérations accidentelles absentes des manuscrits mais que les chanteurs devaient rajouter d'eux-mêmes, notamment aux cadences - manquent de relief. Le clavicymbalum de Corina Marti (La Morra), angélique petit psaltérion à clavier, ponctue le programme d'accompagnements et solos instrumentaux. Ses résonances cristallines illuminent les chants Ein schöne liebe Junckfrau ou Esto quod ex-pertus sis in trivio, soutenus avec inventivité, et parent Miretus omnis nascio et Generari voluit de délicates ornementations. |
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