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Diapason # 706(12/2021)
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Harmonia Mundi  
HAF890534950 




Code barres / Barcode : 5400863055066

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Analyste: Loïc Chahine
 

Platée après le mythique DVD du tandem Pelly/ Minkowski ?
Une gageure. A Vienne, Robert Carsen et William Christie s'affranchissent de toute ambiguïté - la partition imprimée dit « comédie-ballet », le livret « ballet bouffon » : l'idéal est d'équilibrer les deux - et font de l'opéra de Rameau un vaste champ de gags. Le DVD a immortalisé ce Jupiter-Karl Lagerfeld, cette ambiance podiums et Fashion Week… qui nous paraissent dispensables (Unitel, cf. no. 624)

Le rôle-titre endossé par Marcel Beekman est emblématique de cette conception farcesque : le chanteur joue à fond la carte d'un comique outré, perdant la naïveté (et la complexité) qu'y distillait Paul Agnew chez Pelly. La haute-contre s'empare avec une aisance bluffante de la tessiture, anime les mots avec gouaille. Mais l'histrionisme n'est jamais loin et cette vision univoque du personnage fatigue. Il en va de même de la Folie bien chantante (quoique peu brillante) de Jeanine De Bique, non dénuée de vulgarité. Le Momus de la pièce (Carsen ayant choisi de le distinguer de celui du prologue) de Padraic Rowan pouffe de rire en imitant l'Amour (en voix de tête). Au final, tout cela semble survolé, affublé d'effets assez superficiels, quand ceux qu'appelle le livret sont oubliés. Ainsi, on n'entend pas de rupture quand la Folie interrompt son air « Aimables jeux » après une vingtaine de mesures sur une formule mélodique suspensive. Et la dernière scène tombe complètement à plat - il faut dire que Carsen achevait par le suicide de Platée.

Saluons tout de même Marc Mauillon qui mord le texte de Momus dans le prologue, nuance son Cithéron ensuite (son bref récit au début de l'acte I est très réussi). Enfin de la déclamation ! Jolies incarnations également d'Emmanuelle de Negri et de Cyril Auvity, malgré quelques scories imputables au live.

L'orchestre des Arts Florissants réserve de beaux moments - tel Air pantomime du prologue, l'Orage qui ouvre l'acte I, pour s'en tenir à deux exemples - à côté de quelques ratages - la reprise du même Orage à la fin de l'acte, la Contredanse en rondeau… et une Ouverture à la mise en place perfectible. Notons que les danses sont jouées sans continuo, conformément aux prescriptions de la musicologie ; elles y gagnent en finesse sans y perdre ni en dynamisme, ni en contrastes. Quelle différence de couleurs entre la tendre Musette du III et le pétulant Rigaudon qui suit ! Et cette introduction enchanteresse à « Pour célébrer un nœud si légitime » ! Si seulement tout avait eu la même subtilité…


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