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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean-Christophe Pucek L'image d'un Bach violoniste ne s'impose à l'esprit qu'après celle du géant des claviers. Pourtant, dès ses années de formation à Lunebourg, sa maîtrise de l'archet était sollicitée, et même sans doute au sein de l'orchestre de la cour de Celle. Son premier engagement connu, à Weimar, fut en qualité de « laquey » jouant à la fois du violon et de l'orgue. Autour de ses deux seules sonates pour violon et continuo tenues pour authentiques, Chouchane Siranossian a construit un programme où s'expriment les différentes langues violonistiques qu'a pu connaître le Cantor. L'Italie de Farina, dont les diminutions de la Sonata Va sont rendues avec un brio tout de liberté maîtrisée, y côtoie les couleurs plus françaises de Muffat, dont la sonate de 1677 trouve une lecture aussi intense et un rien plus chaleureuse, que celle de Manfredo Kraemer (Naïve, 2001). Les effets d'imitation chers à certains musiciens germaniques (Westhoff, ici) n'ont pas été oubliés, pas plus que les acrobaties des pratiquants autrichiens de la scordatura : la Sonate « Victori der Christen » d'Andreas Schmelzer, décalque de la Crucifixion des Sonates du Rosaire de Biber, offre un bouquet final d'une efficacité dramatique ébouriffante devant laquelle pâlit la version pourtant haute en couleurs de Manze (HM, 1996). Un dialogue confiant se tisse avec le continuo attentif, précis, à l'invention jamais intrusive, de Leonardo Garcia Alarcon et Balazs Maté. La violoniste ose des Bach à la fois charpentés et poétiques. Nous nous laissons volontiers enlacer par les volutes souples, rêveuses, de l'Adagio de la BWV 1021, quand l'Ouverture de la BWV 1023, aux antipodes de la vision plus méditative d'Hélène Schmitt (Alpha, 2001), nous empoigne, imprimant à l'œuvre une tension que même l' Allemande, dessinée avec finesse, n'apaise pas. Partout, une autorité sans raideur, une flamme ne versant jamais dans la brutalité ou l'approximation : même fiévreuses, les phrases s'épanouissent pour délivrer des parfums d'une enjôleuse sensualité. Cette réalisation dévoile le vaste horizon qui, du Rosaire aux Sonates et Partitas , s'offre à la violoniste ; nous l'y attendons déjà. |
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