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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Denis Morrier Le Libro Quinto marque une évolution notoire dans l'écriture de Gesualdo : les poèmes sont plus courts, sombres et laconiques ; le contrepoint abonde en stravaganze harmoniques, en dissonances et chromatismes ; l'illustration des mots touche au paroxysme expressionniste. Mais la conception générale de ces madrigaux reste pétrie de conventions : ni basse continue, ni style concertant, mais une stricte polyphonie à cinq voix. Philippe Herreweghe y obtient de son Collegium Vocale (plus convaincant en termes d'équilibres que dans le Livre VI enregistré il y a cinq ans) une homogénité, une transparence contrapuntique et une luminosité frappantes jusque dans les pièces les plus tourmentées. Discrètement soutenus par le luth raffiné de Thomas Boysen, brillent un soprano cristallin (Miriam Allan), un mezzo charnu parfois tendu dans les aigus (Barbora Kabatkova), et une basse aux graves impressionnants (Jimmy Holliday). Si les ténors Benedict Hymas et Tore Tom Denys insufflent âme et vigueur à leurs parties intermédiaires, celles revenant au contre-ténor James Hall manquent par comparaison de présence et d'intelligibilité. Au discours gésualdien, touffu et complexe, le chef imprime une certaine souplesse, tant dynamique qu'agogique, comme en témoignent les sinueuses voluptés d'O dolorosa gioia. Il souligne sans brutalité les ruptures et les contrastes (erratique Mercé grido piangendo), créant une véritable progression dramatique, jusqu'à d'interrogatives résonances finales du meilleur effet (suave Asciugate i begl'occhi). Ainsi se trouvent (ré)conciliés les troublants paradoxes stylistiques de Gesualdo, entre classicisme madrigalesque, modernité harmonique et préciosité expressive.
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