Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Un demi-siècle après l'anthologie fondatrice de René Jacobs et Judith Nelson (HM), vingt ans après Les Arts Florissants (Erato, Diapason d'or) et La Venexiana (Glossa), Leonardo Garcia Alarcon s'aventure à son tour dans la musique singulière de Sigismondo D'India, à la lisière des univers de Gesualdo, Peri, Caccini et Monteverdi. Se concentrant sur les pages da cantar solo (à une ou deux voix et basse continue), le programme met en évidence le style paradoxal et maniériste du noble palermitain. Des canzonette strophiques faussement badines (Pallidetta qual viola), d'amples lamentations récitatives chromatiques et dissonantes, y côtoient des arie où surgissent inopinément, au détour d'ornements volubiles, des harmonies irrationnelles qui vrillent l'âme et le coeur (Odi quel rossignolo). L’nstrumentation variée du continuo (l'orgue et la viole venant s'ajouter au clavecin, au théorbe et l’arpa doppia mentionnés par D'india) et sa réalisation imagée (palpitation oppressante de Mentre che’l cor) soulignent judicieusement la théâtralité quasi expressionniste du discours (exclamations poignantes d'Infelice Didone). Mariana Flores rejoint Emma Kirkby (Hyperion, 1983) et Gloria Banditelli (Stradivarius, 1996) au panthéon des plus mémorables interprètes du fameux Lamento d'Olimpia. Elle aborde la rhétorique précieuse de Piangono al pianger mio avec une expression presque compassée, qui n'est pas sans évoquer la sprezzatura aristocratique si chère à Caccini et Castiglione. Le timbre radieux de Julie Roset fait merveille dans des canzonette où se confondent l'esprit et la chair. Confrontée à l'approche elliptique de D'India dans Or che’l ciel, elle apparaît plus sensible au décor nocturne qu'au feu intérieur couvant sous les vers de Pétrarque. Si les deux voix allient sensualité et luminosité, agilité et intelligibilité, l'ensemble du programme tend pourtant à une certaine monochromie. Le compositeur requiert pourtant, dans l'édition de 1609 de son Dialogo della Rosa, deux ténors pour incarner les bergers Mopso et Tirsi, et non deux sopranos. Pas de quoi bouder le plaisir de retrouver ces compositions excentriques et séduisantes, portées avec enthousiasme. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews