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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Adrien Mabire dévoile un visage inhabituel de Giovanni Gabrieli. Puisant dans ses trois premières publications, il a réuni les cinq motets princeps de 1585 et quelques pièces des recueils de 1587 (Concerti) et 1597 (Sacrae Symphoniae). Et placé ces témoignages d'une « première manière » en regard non des partitions de son oncle Andre mais de contemporains ayant eu sur le neveu une influence manifeste. Les pages choisies sortent des sentiers battus : de l'autre organiste de San Marco, Claudio Merulo, voici un savant Magnificat en style sévère. Du maître de chapelle Adriaan Willaert, point de somptueux cori spezzati, mais une humble chanson française : Le dur travail, chantée avec une savoureuse ingénuité par Marc Mauillon, accompagné par la sulfureuse régale de l'orgue. Enfin, l'héritage de Roland de Lassus (que Giovanni rejoignit à Munich pour échapper à la peste de 1575) est évoqué par Luscecit iam o socii, souriante célébration des plaisirs de l'existence, pleine de verve et d'esprit. Surtout, ce programme aussi hardi que bref (cinquante-trois minutes) se distingue par une interprétation aux antipodes des fastes polychoraux et spatialisés généralement associés aux Gabrieli. « Gloria a Venezia » ? Curieux titre pour une approche da caméra plutôt que da chiesa, aux effectifs minimalistes remarquablement opérants. Autour d'un petit orgue chatoyant (Quentin Blumenroeder d'après Andreas Silbermann), inauguré pour l'occasion et supérieurement tenu par Jean-Luc Ho, se font face cinq cuivres et six chanteurs seulement. Avec une telle troupe de « mercenaires » aguerris et investis, les équilibres et les raffinements de la polyphonie sont préservés, le contrepoint devient translucide, respirations et articulations se confondent en une admirable fusion des mots et des sons. Une lecture indéniablement plus éprise d'éloquence délicate que de gloire triomphante! |
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