Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Luca Dupont-Spirio Sur une trame décousue, peut- être la plus belle musique de Rameau. Devant un orchestre si riche, si tendre qu'il se suffit à lui-même, que faire - cinq actes durant - d'une banale histoire où Alphise, amoureuse d’Abaris, évite son mariage avec l'un des fils de Borée ? À la vérité, la dernière tragédie de l'auteur, jamais représentée de son vivant, aurait gagné à se passer d'un tel livret... Le spectacle de Barrie Kosky ne change pas cette impression; plutôt, il la confirme. Un grand podium inamovible, sur lequel descend et remonte une boite géante mais sans surprises, souligne ce que le scénario a de statique. Hiératisme assumé ? Un peu facile, quand seules viennent meubler des gesticulations collectives, entre cabaret et boîte de nuit. Même la tempête du III est seulement mimée par la troupe que les vents remuent. La captation réserve cependant des bonheurs. On a rarement entendu un Concert d’Astrée aussi chaleureux et luxueux que dans ce manifeste orchestral. Les choeurs vous clouent au fauteuil, les danses vous en soulèvent; l'Entrée de Polymnie déploie son étoffe chatoyante, sensuelle, élégiaque. Le plateau vocal n'est pas en reste. Sans transcender les vocalises spectaculaires d'« Un horizon serein », Hélène Guilmette prête à Alphise une noblesse, une densité remarquables dans un rôle si ténu. Plus intense qu'intime, Mathias Vidal habite chaque phrase d’Abaris ave ardeur. Enchaînant les rôles annexes, Emmanuelle de Negri domine la scène par l'esprit, le charme, l'émission pleine mais prête à chaque nuance. Et quelle splendide compagnie de voix graves (on inclut le ténor profond de Sébastien Droy) pour incarner prétendants, mage et patriarche ! En CD, on tiendrait là une alternative heureuse au pionnier Gardiner (Erato, déjà). On reviendra moins facilement aux temps forts sur ce DVD, livré sans liste des plages, qui ne dépasse pas la production peu théâtrale mais plus graphique de Robert Carsen (Opus Arte). Au moins l'ouvrage; que CVS proposait récemment au disque (cf. n° 694), échappe-t-il peu à peu aux griffes des éditions Stil, dont l'exclusivité compte parmi les infamies du droit de la propriété intellectuelle français.
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews