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Diapason # 701 (06/2021)
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Château de Versailles 
CVS034
Glossa 
GCD922703
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Analyste: Jean-Christophe Pucek

 

Chanceuses Leçons de Ténèbres de Couperin qui, pendant que d'autres, dont celles de Charpentier, doivent se contenter d’enregistrements épars et inégaux, voient chaque année la liste des leurs s'allonger. Pas toujours pour le meilleur, hélas, comme ici. 

La lecture des Nouveaux Caractères expose d'emblée ses limites. Pourquoi confier à Caroline Mutel la périlleuse Première Leçon ? Tout échappe à sa voix qui s'engorge et vacille, aïgus malaisés, graves escamotés. La fluidité chaleureuse de Karine Deshay et ses capacités de caractérisation sont un baume après cela. La Troisième Leçon juxtapose avec crudité les limites de l'une, dont on redoute la survenue, aux forces de l'autre, dont on espère l'arrivée ; beaucoup de moments difficiles (un Caph hululé) mais un Jerusalem final auréolé de grâce. L’accompagnement, attentif, ouvragé sans excès, s'attache à varier les climats. Les compléments instrumentaux tirent cette réalisation fort dispensable vers une optique de salon. À oublier.

À la Chapelle royale de Versailles, le ton est plus juste, en dépit de forces vocales inégales et d'un théorbe superflu que Couperin ne prévoyait pas. Stéphane Fuget impose une version très dramatique qui fonctionne à merveille dans une Première Leçon investie avec intensité par une Sophie Junker maîtresse de ses moyens. Les choses se gâtent ensuite: la Deuxième Leçon, certes abordée sans sulpicianisme, est grevée par les approximations de Florie Valiquette - vibrato large, lisibilité perfectible (« Et egressus »), appuis parfois mal assurés (« Peccatum peccavit »). Est-ce à cause de ces disparités que la Troisième Leçon peine à trouver souffle et unité ? Quelques belles envolées (Caph), des instants saisissants (« Omnis populus »), mais aussi des passages où l'artifice, trop voyant, défait l'intention (« O vos omnes »), où la tension se délite (« Jerusalem »).

On pourrait étendre ces remarques au magnifique Cantique de Lalande qui souffre, en outre, d'une ornementation trop systématique, quand son texte n'a, pour toucher, nul besoin d'un rajout de sanglots (Pour trouver un bien fragile frôle le risible). Malgré un continuo actif et inventif, des idées foisonnantes, une atmosphère de théâtre sacré qui peut charmer de prime abord, l'intérêt retombe vite. Les Demoiselles de Saint-Cyr (Ambronay, 2009), Les Ombres (Mirare, 2018), voire Rousset pour le lustre vocal (Decca, 2000), continuent à illuminer ces Ténèbres.

 

 


   

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