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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Ivan A. Alexandre Un ange cruel plane sur Rodelinda. Dernier volet d'un triptyque miraculeux après Giulio Cesare et Tamerlano, la légende du roi lombard et de sa (fausse) veuve fut le premier opéra de Handel à revoir la scène au XXe siècle. Aussitôt admis dans le cercle des chefs-d'oeuvre, on le vit, après Göttingen, à Londres, à Vienne, à Berlin, à Philadelphie (jamais à l'Opéra de Paris). La Radio de Stuttgart conserve le témoignage de l'opéra seria tel qu'on se le figurait avant 1950 (publié par Hännsler, cf. no 496). C'était le premier drame italien de Handel à entrer au festival de Glyndebourne (en 1998, aperçu au Châtelet en 2002), le premier reçu au Met (en 2004, avec Renée Fleming et David Daniels). Et l'album dirigé par Brian Priestman en 1964, complet, dans la langue et les clefs d'origine, fut longtemps la boussole du handélien perdu (avec, tenez-vous bien, Teresa Stich-Randall, Maureen Forrester, Alexander Young, Hilde Rössl-Majdan, Helen Watts et John Boyden !). Hélas ! La bande de 1964 n'a fait que de brèves apparitions en CD, mal repiquée ou égarée dans des coffrets bizarres. La grandiose titulaire Joan Sutherland en laisse des traces négligeables. Et depuis Michael Schneider (DHM 1990) les lectures « baroques » s'évertuent à réduire l'héroïsme cornélien (excellent livret d'après le Pertharite de Corneille) aux confidences du psaume ou du madrigal. C'est à nouveau ce qui arrive. Lucy Crowe force sa nature séraphique pour traduire les tourments d'une reine sombre, cousine d’Andromaque, dont elle charge les reprises da capo d'artifices empruntés à Simone Kermes (Rodelinda pour Alain Curtis en 2004) - manières, cocottes, cadences bouffes en pleine terreur. Superbe Unulfo dans le DVD du Met, le contre-ténor lestyn Davies a la pureté de Bertarido dont il ne peut traduire la douleur ni les éclats. Le ténor Joshua Ellicott n'offre au complexe Grimolado qu'un forte nasal peu latin et sans vocalise. Honnêtes comprimari que l'absence de théâtre prive de danger (la jalouse Eduige, l'affreux Garibaldo) ou de poésie (le lumineux Unulfo). Et sage contribution d'un orchestre relégué au fond par les micros, sous une baguette compétente (Harry Bicket a maintes fois dirigé les spectacles de Glyndebourne et du Met), élégante, vierge de toute nuance et de toute tragédie.
Partition plus que complète
(Avec « Vivi, tiranno » et « Se fiera belva» de Bertarido, plus le
rare duo « D’ogni crudel martir », continuo sobre, instruments bien
tempérés… Rodelinda ne refuse jamais un hommage sincère. Mais en
attendant le retour du magic et suranné Priestman, son champion demeure à
Glyndebourne (Antonacci, Scholl, Strei, dirigés par William Christie), voire à
Lille (De Bique, Mead, Hulett, dirigés par Emmanuelle Haïm), tous deux avec
l’image, en DVD. |
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