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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Jorge Morales
GRAND OFFICE
Quand l'éclatant génie de Victoria se conjugue à celui de Jordi Savall, on ne touche plus terre. Ce remarquable enregistrement se consacre à la musique que l'un des plus grands compositeurs espagnols, avec Cristóbal de Morales et Francisco Guerrero a conçue pour la célébration de l'office liturgique de la Semaine sainte à Rome. Il rappelle que le mysticisme n'est pas seulement une pratique contemplative ou discursive des choses divines mais également une expérience sonore. Le XVIe siècle est en effet celui des grandes âmes, notamment en Espagne. Jordi Savall restitue parfaitement l'ambiance musicale, la beauté austère et le dénuement de l'architecture de ce chef-d’oeuvre castillan en révélant tout l'éclat d'un répertoire peu connu et difficile d'accès. Il montre que la force spirituelle des musiques de Victoria est proportionnelle à l'économie de moyens employés par le compositeur - c'est notamment le cas de la lamentation de Jérémie « Manurn suam » à cinq voix (CD 1) et du psaume « Misere mei » à quatre voix (CD 3). Le travail de reconstruction minutieux des antiennes grégoriennes intercalées aux parties polyphoniques de la foule (turbae) pour les -Passions selon Matthieu (CD 1) et Jean (CD 2) à quatre voix, de même que les brèves introductions instrumentales se montrent très convaincants. L'auditeur sera également saisi par la solennité sombre et tragique du chant des Injures à quatre voix (CD 2) et de l'hymne « Vexilla regis, more Hispano » (CD 3), par la richesse des effets dramatiques des répons des ténèbres, en particulier « O vos omnes » à quatre voix … et par le dépouillement intime et languissant de l'Adoration de la croix à quatre voix (CD 2). Cet enregistrement éblouissant prouve que l'expression musicale est partie agissante de l'intense dévotion de la parole liturgique d'une Contre-Réforme conquérante; une musique au service de la représentation et de la manifestation des profondeurs secrètes de l'âme au point qu’« aucune joie terrestre ne peut donner une telle satisfaction » (Thérèse d'Avila). |
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