Texte paru dans: / Appeared in: Alborada |
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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Loïc Chahine Du théorbiste Daniel Zapico, continuiste exemplaire, nous étions jusque-là réduits à glaner les rares interventions solo, à l'image du superbe Villan di Spaqna de Kapsberger glissé dans « An Englishman’s Ballad » (Flora). Un bonheur n'arrivant jamais seul, son premier récital très attendu porte aussi un nouveau label sur les fonts baptismaux. Direction la France du maître Robert de Visée et des transcriptions réalisées par lui ou dans son entourage. Car le théorbe fait feu de tout bois: dans les sources anciennes, les airs bien connus (à l'époque) côtoient les pièces originales, « Assez de pleurs » tiré du Bellérophon de Lully croise une adaptation des Bergeries du Sixième Ordre de Couperin. Chaque manuscrit de théorbe apporte son lot de transcriptions, et Daniel Zapico « prolonge et poursuit » ici leur « travail ». Il s'approprie les arrangements existants et les aménage, il en ajoute de nouveaux - La Couperin et le Carillon de Passy de Forqueray, deux airs sur basse obstinée de Lambert... Le résultat envoûte. « Dès mon premier contact avec le théorbe, j'ai su qu'il serait mon instrument », confie l'interprète. « La profondeur de ses basses et son timbre enveloppant cristallisent le temps d'une manière hypnotique. » Si le charme opère, c'est justement d'abord parce que Zapico exploite ces ressources avec une maîtrise rare. Cela transparaît dans la beauté d'une sonorité captivante, non exempte de verdeur, alliant des attaques énergiques à une rondeur sans affectation. Quelle diversité entre La Couperin (Forqueray) et le Prélude en sol majeur (Visée)! Et comme les avalanches de notes sont finement détaillées (Chaconne en sol majeur)! Dans ce timbre même, une personnalité est à l'oeuvre. Elle ne l'est pas moins dans l'approche très libre des pièces : le geste fait sonner, quitte à bousculer un peu la ligne et le rythme (Les Bergeries). Habile à détendre l'atmosphère (Les Silvains, où chaque ornement est dessiné avec précision), le théorbiste nous subjugue tout à fait quand il narre un drame - fût-ce en douceur, comme dans la Sarabande empruntée au Livre pour la guitare de 1686. Face à la manière plus méditative d'un Rolf Lislevand (Diapason d'or de l'année 2016 pour « La Mascarade »), Zapico souffle sur les braises de l'intranquilité : sous ses doigts, Ma bergère est tendre et fidèle (Lambert) évolue graduellement de la douleur recueillie vers un bouillonnement quasi oppressant. Du grand art. |
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