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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Paul de Louit Les Toccatas sont des oeuvres du jeune Bach, tout émerveillé de son voyage chez Buxtehude et de la découverte des concertos italiens. Laurent Cabasso les aborde comme des pièces de maturité, soulignant l'adresse et la complexité de la manière du maître dès ses fraîches années. Plutôt que de grands contrastes, on y trouvera des raffinements réjouissants: l'intelligence des accents, l'usage habile des arpeggiando et des ornements, la limpidité de l'écriture fuguée, un toucher et une pédale évoquant subtilement le clavecin et sa richesse harmonique. L'instrument à cordes parallèles construit par Stephen Paolello apporte sa précision de trait et sa palette qui va des profondeurs cuivrées d'une huile romantique à la fraîcheur tendre d'une tempera, pour nimber le début de la Toccata en mi mineur d'un voile nostalgique ou donner à celle en sol majeur un rebond rythmique et une dynamique concertante dignes d'une sonate de Soler. Sans doute manque-t-il à ce superbe piano les véhémences du stylus phantasticus et la rhétorique pathétique des deux opus en fa dièse mineur et en ut mineur. Cela dit, les toccatas en sol mineur et en ré majeur trouveront, pour clore le disque en beauté, l'autorité et l'alacrité qui manquaient un peu à ces dernières: la conduite des fugues-gigues est si parfaite que l'auditeur oublie la longueur de celle en sol et le simplicité du sujet de celle en ré. C'est le naturel avec lequel tout cela est réalisé qui nous enchante le plus. À notre époque d'égotisme, se tenir avec une telle finesse technique à si égale distance du détachement et du m'as-tu-vu, tout en donnant l'impression d'un plaisir quasi spontané, c'est la signature d'un grand musicien : « cacher l'art par l'art même », disait Rameau... |
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