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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Roger-Claude Travers Après quatre volumes d'une intégrale jusque-là impeccable, empruntant la voie royale de l'édition critique, Sergio Azzolini a envie de s'aventurer sur des chemins de traverse et s'est imaginé avoir trouvé une vraie réponse à une fausse question : et si ces concertos avaient été joués par l'orchestre de Dresde ? Nulle trace de telles pages à la cour saxonne, riche pourtant en matériel vivaldien trituré ou non par Pisendel. Non, Vivaldi ne destinait ce répertoire ni à la Pietà, ni à Dresde. L'orchestre de Prague du comte Morzin est par contre une piste solide. Peut-être la seule. Pour les trois quarts postérieures à 1730, ces oeuvres étranges sont un péché de vieillesse, une folie. Azzolini demeure le seul interprète, avec la Japonaise Miho Fukui, à avoir compris que le basson, pour Vivaldi, est un personnage d'opéra qui vit, solo après solo, des scènes dramatiques. Prenons l’Andante du RV467: la ligne soliste n'est pas surchargée comme celle de Thunemann, et le chant est soyeux, le rubato mis au service de quelque récit. La petite cadence sur pédale de basse mène dans des contrées quasi orientales ? Parfait. Le plaisir est aussi dans ces solos longs et étirés, sculptés par une colonne d'air infiniment malléable dans le RV489 ou cet Allegro du RV 479, sorte de vadrouille où notre bassoniste baguenaude, s'arrête pour cueillir un trille, monter une gamme, respirer, oser une figure biscornue. Azzolini reste un grand'uomo, mais un piètre metteur en scène. Le systématisme un peu étouffant du charcutage des tutti pour mettre en relief certaines cellules agace vite, comme ce Barnum d'orchestre à l'envergure délirante : neuf violons, un continuo logorrhéique, des bois à profusion, et même ce fameux contrebasson qui se justifiait pleinement lorsque Kossenko reconstituait avec probité les arrangements par Pisendel des Concerti con moiti strumenti. Ici, le gras et le fouillis dominent. Mais le plus grave est peut-être la réécriture des parties intermédiaires de l'orchestre dans les ritournelles, si simples et habiles, chez Vivaldi, à fluidifier et mettre en avant le discours. L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ? |
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