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Diapason # 700 (05 /2021)
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Naxos
NDB0118V

Code-barres / Barcode : 747313567960

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Analyste: Luca Dupont-Spirio
 

Le couronnement d’Hercule

 Avec verve et inventivité, le beau spectacle filmé salle Favart rend son lustreà l'opéra imaginé par Cavalli pour célébrer le mariage du Roi Soleil.


Commande de Mazarin destinée aux noces de Louis XIV en 1660, Ercole amante verra le jour avec deux ans de retard, après la mort du cardinal, dans une salle des machines construite aux Tuileries et achevée hors délai. Francesco Cavalli se voit offrir, pour la solennelle circonstance, des moyens inconcevables dans les théâtres de Venise. Cette fois, le plus grand mélodiste du Seicento obtient à l'opéra le même faste choral et instrumental qu'à Saint-Marc, dans une scénographie grandiose. Lors de la création de 1662, les ballets de Lully éclipsent la partition de Cavalli qui s'en va, dépité, sans espoir de la réentendre.

La raviver sans disposer des budgets du Grand Siècle représente un périlleux défi. Craintes dissipées dès le prologue dont les chanteurs de Pygmalion font briller les accords en hommage à la couronne, comme autant de points dorés terminant les rayons d'un grand soleil sur fond bleu nuit. La toile se lève, révélant une haute arène où se joueront les forfaits d'Hercule pour arracher à son propre fils (Hyllus) l'innocente Iole. Le décor est posé, l'esprit exalté.

Boîte à joujoux

Sur les grands volumes blancs, les lumières mauves, bleues ou roses affirment une poésie onirique façon Alice au pays des merveilles que reflètent des costumes évoquant tantôt les dessins d'époque, tantôt les livres d'enfants. Un monstre de dessin animé, aux hésitations touchantes, incarne les exploits d'Hercule - qui le tient en laisse. La robe de Déjanire déroule une traîne sans fin tandis qu'elle pleure son sort, L'humour garde aux héros leur dignité. Laquais en livrée bleu et or, astres peints ou suspendus convoquent la plus somptueuse iconographie, comme le paon que Junon chevauche puis recycle en montgolfière. Une ambiance de boîte à joujoux dont la caméra accentue parfois le kitsch, comme avec ce trône de verdure un peu Jardiland. Mais les plans rapprochés soulignent aussi les grimaces de Dominique Visse, Lychas irrésistible d'humour et de rythme, face au page falot mais attachant de Ray Chenez.

Si fosse et plateau s'épanouissaient peu à peu le soir de la première (cf no 685), les caméras les cueillent quelques jours plus tard à pleine maturité. Nahuel di Pierro campe un héros hardi dont puissance, verbe et intention ne font qu'un. Le quatuor féminin italien, formé par Anna Bonitatibus, Giuseppina Bridelli, Giulia Semenzato et Francesca Aspromonte, rivalise de noblesse et de chaleur. Et comment ne pas craquer pour le timbre argenté, la tendresse de Krystian Adam ? Flatteuse pour les voix, la prise de son tasse les instruments. Si la couleur s'efface en partie, demeure le geste vigoureux de Raphaël Pichon, qui embrase ses troupes dans les enfers du IV. Enfin, après plusieurs productions décevantes chez Cavalli, le beau spectacle de Valérie Lesort et Christian Hecq éclaire à nouveau un roi de l'opéra baroque.



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