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Diapason # 700 (05 /2021)
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Versailles Spectacles
CVS032



Code-barres / Barcode : 3770011431373

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Loïc Chahine

Dans la même Chapelle royale de Versailles que Leonardo Garcia Alarcón (cf. n° 682), c'est aussi par le Dies irae et le De profundis que Stéphane Fuget aborde les grands motets de Lully, remplaçant par un plus rare O lachrymae le Te Deum qu'avait choisi le chef argentin. Mais l'approche est toute autre. Fuget ne cherche pas à faire du Lalande avec du Lully et traite chaque partition comme d'un seul tenant. Les solistes, inégaux, ne s'émancipent que pour de brefs instants, sans véritables récits qui les exposeraient davantage. Cela n'empêche pas Marc Mauillon d'animer avec une admirable conviction ses « Preces meae non sunt dignae », ni Claire Lefilliâtre de toucher juste dans « Quia apud te ». Oublions un ténor et une soprano bien prosaïques dans le quatuor « O fons amoris » (O lachrymae).

Les arguments déployés dans la notice pour défendrel une ornementation pléthorique convaincront... ou pas, le chef omettant les témoignages qui contredisent sa thèse. Quitte à sortir du domaine religieux en convoquant, comme il le fait, Bacilly, théoricien de l'air de cour, pourquoi ne pas regarder aussi à l'opéra et rappeler le « il n'y a pas comme cela dans votre papier, et ventrebleu, point de broderie » que le Florentin adressait, parait-il, aux chanteuses qui s'autorisaient de tels écarts ? Dans les faits, la profusion de pincés et de tours de gosier agace çà et là (les premières mesures du Dies irae en forme de manifeste, et d'autres ritournelles lentes, trop systématiques) sans entacher une réalisation fervente, parsemée de fulgurances. Les effets lorgnent le drame avec insistance, quitte à s'autoriser une sorte d'expressionnisme... et quelques flottements métriques. Aussi puissante que chez Alarcón, la charge émotionnelle nous emporte sans se déparer de la gravité qui convient. Le Lacrimosa et le Pie Jesu sont plus retenus, pas moins touchants.

Côté choeur, guère flatté par la prise de son, de véritables éclairs jalonnent l'écoute - « Non in jubilo », « Et clamabimus » du O lachrymae », mais certaines entrées paraissent assez savoneuses (« Exite nostris cordibus » du même motet, par deux fois). L’orchestre rivalise de couleurs, avec un continuo très (trop ?) dynamique, et malgré un pupitre de violons légèrement en retrait.

Bref, bien plus qu'une version d'attente, un peu moins qu'une référence: un disque à connaître. Et une aventure à suivre - un autre volume est déjà en boîte.


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