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Diapason # 700 (05 /2021)
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Versailles
CVS031



Code-barres / Barcode : 3770011431366

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Loïc Chahine

Dès la création en 1735, Rameau et son librettiste Fuzelier remanièrent abondamment leurs Indes galantes. Le prologue est vite considérablement raccourci, tout le rôle de l’Amour supprimé. L'entrée Les Fleurs est bientôt réécrite pour moitié. En 1736, les fameux Sauvages rejoignent l'aventure. Au fil des reprises ultérieures, on jouera les quatre entrées, ou seulement trois, et Rameau fera encore çà et là de menues adaptations.

Si l'on en croit le livret, Valentin Tournet offre la « version 1761 », déjà connue par la gravure de György Vashegyi (Glossa, Cinq Diapason, cf. n° 678). En réalité, il donne le prologue et trois entrées dans leur version princeps, ou peu s'en faut. En 1761, Les Incas s'ouvraient sur une nouvelle ritournelle composée à partir des premières notes du récitatif qui suit; il n'en est rien ici. Le prologue est joué sans prendre en compte les coupures opérées dès ..1735, et qui plus est en modifiant curieusement l'ordre des pages.

Fort d'une belle opulence, l'orchestre de La Chapelle Harmonique se complaît volontiers dans le gros son au détriment de la variété: on y perd, par exemple, pour le contraste entre la tendre musette d’Hébé et la pétulante entrée de Bellone qui suit. On apprécie la lisibilité du contrepoint, même si elle se paie parfois par un léger manque de cohésion (Ritournelle du Turc généreux). Quelques jolies idées (l’articulation de l'Entrée des Quatre Nations, très gestuelle, les accents des Rigaudons du Turc généreux, la Chaconne finale menée avec tact) nous ravissent mais ne suffisent guère à retenir l'attention : la Tempête du Turc généreux sombre dans la fadeur, la gradation fait défaut au Tremblement de terre; l’Adoration du Soleil est privée d'émotion, « Brillant soleil » débité temps par temps... La prise de son écrase en partie le choeur, épais, sans arêtes. Une sorte de violence - celle de l’Air pour les Polonais, de l’Air pour les Incas - semble la seule alternative.

Avec un continuo (trop ?) expansif, le jeune chef bride le drame dans les récitatifs et traite le texte sans en écouter les subtilités. Malgré leur engagement et leur attention au mot, les personnages que tentent de camper Mathias Vidal et Emmanuelle De Negri (au vibrato çà et là envahissant, comme dans le duo « Volez zéphyrs») pâtissent de cette approche univoque. S'il possède un aplomb certain, l'Huascar d'Alexandre Duhamel paraît assez terne et par trop monolithique. « Soleil, on a détruit » s'enlise inexorablement... L’Osman de Guillaume Andrieux, trop léger, satisfait moins encore; le rôle d’Adario lui convient un peu mieux. En Zima et Hébé, Ana Quintans a du charme, mais ne s'extrait pas d'une direction musicale insuffisamment creusée.

Les tempos affectent volontiers une lenteur excessive (« Viens Hymen », « Nous suivons sur nos bords », certains récitatifs), plusieurs ensembles manquent d'unité. Oublions ce péché de jeunesse et retournons à Vashegyi, autrement dramatique, en attendant une vraie référence pour les quatre entrées de 1735-1736.


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