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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Loïc Chahine À côté de l'abondante production religieuse qui lui vaut sa célébrité, Lalande compose aussi de la musique profane - à commencer par les Symphonies pour les soupers du roi (cf l’Air du catalogue du n° 698). Dès 1683, année où il remporte son premier « quartier » de service à la Chapelle royale, il donne à la cour de Louis XlV deux petits divertissements. Les voici réunis par le festival de musique ancienne de Boston. Les Fontaines de Versailles font chanter les divinités statufiées dans les grandes eaux, quelques autres (Comus le dieu des festins, la Renommée personnifiée) et même le Grand Canal ! L’oeuvre ne fut pas donnée dans les jardins, mais durant une de ces soirées d'« appartements » que le roi offrait à sa cour trois fois par semaine. Le livret, tout à la gloire de Sa Majesté, n'intéresse guère. À une date où le genre est encore très jeune, la maîtrise que possède Lalande des codes de l'opéra fait mouche: la Chaconne déploie une magnificence justement entraînante, l'Air d'Encelade enchaîne les doubles croches pour évoquer le géant déchu, à la manière des démons ou des vents de la scène lyrique. Le monologue qui suit affiche une verve dramatique à laquelle le chanteur rend ici mal justice. Quant aux choeurs, ils font bien plus penser au prologue d'une tragédie en musique qu'à ceux d'un motet. Le Concert d'Esculape, dieu de la médecine, célèbre le retour en santé non du monarque mais de sa favorite, Madame de Montespan. Si la lumineuse Ouverture en forme de chaconne est bourrée de charme, la suite se révèle assez morne. Le petit ensemble instrumental mené depuis les cordes pincées par Paul O'Dette et Stephen Stubbs a de l'énergie à revendre. Il crépite, il chante et fait de chaque danse un bonbon. Bien des pages anodines tirent l'oreille grâce au traitement soigné qui leur est réservé (l’Air de Flore dans Les Fontaines!). Les chanteurs, inégaux, ne convainquent pas autant. Sans être maltraité, le français est généralement survolé. Il en résulte, malgré un continuo pétulant, une certaine monotonie. La faute aussi à des textes platement courtisans. À côté de beaux timbres (Virginia Warnken), d'autres sont plus ingrats, en particulier chez les messieurs ; le Dieu du Canal est même vocalement insuffisant. Néanmoins, les choeurs affichent la cohésion attendue. Deux curiosités pour les amateurs du Grand Siècle.
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