Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble:
 |
Outil de traduction (Très approximatif) |
|
Analyste:
Jean-Christophe Pucek « L’âme du saule pleureur / devient-elle celle d’un rossignol / dans son sommeil ? » Ce haïku de Basho, contemporain de la majorité des pièces qui composent le récital proposé par Kaori Uemura, pourrait en résumer l’esprit. Le doux et l’amer ont ici partie liée; l’un nourrit l’autre qui le console, cercle infrangible aux transmutations permanentes. Le titre donné au disque, Yuu (ce qui signifie « douceur »), inscrit cette mélancolie sous-jacente jusque dans l’un des caractères composant sont idéogramme. L’Angleterre du Captain Hume aux exilés Sainte-Colombe fils et Abel, la France de Marais et Forqueray, l’Allemagne de Telemann : le programme esquisse une Europe de la viole, la carte d’un Tendre au bord des larmes enluminées de couleurs chaudes, mordorée, que l’humeur soit mélancolique, comme dans le Badinage de Marais encré en fa dièse mineur, ou plus souriante, comme la Fantaisie de Telemann. Pour donner corps à ces reflets mouvants, il faut plus qu’un archet, une de ces Voix humaines avec lesquelles le disque se referme dans un murmure étreignant. Celle de Kaori Uemura s’élève avec une ardeur concentrée, qui ne redoute ni la caresse ni l’arraché Hanté, anéanti de douleur, l’envoi juste percé d’un rai de lumière, son Tombeau pour Sainte-Colombe le père est d’une densité vertigineuse devant laquelle pâlit le grand Savall (Alia Vox 2003). Nuances et atmosphères sont ciselées avec une flamme et une exactitude magistrales. The Spirit of Gambo saisit d’emblée le cœur qui se serre dans la Captain Hume Pavan, qui s’élargit dans Love’s Farewell.
La Muzette
de Forqueray et la Chaconne de Marais, scandée avec souplesse, apportent
une touche de légèreté. La seconde s’ourle de volutes graves aux accents
éperdus, que vient prolonger La Léon ;la cohérence d’un tel parcours,aux
ombres sans cesse changeantes, montre à quel point il a été mûri. Accrochée au
souffle des émotions qui traversent le vie, sourires et sanglots mêlés, chaque
écoute fait de cette réalisation un miracle renouvelé. |
|
