Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble:
 |
Outil de traduction (Très approximatif) |
|
Analyste: Philippe Venturini Échelonné sur une trentaine d'années, l'oeuvre pour flûte de Bach présente différentes facettes qui sont autant d'appels à l'imagination des interprètes. Frank-Theuns et Bertrand Cuiller ont ainsi établi un programme qui joue sur la diversité des formes et des effectifs. Aux structures en trio de BWV1030b et 1027/1039 (adaptation d'une sonate pour viole de gambe elle-même issue d'une composition pour deux fIûtes et basse) répond une pièce pour flûte et basse chiffrée BWV1034 entre lesquelles se glissent deux pages pour flûte seule, la Partita BWV1013, bien sûr, et la transcription de l’Allemande de la Suite française n°6. Frank Theuns choisit une copie d'un instrument de Buffardin des années 1725 et Bertrand Cuiller un clavecin d'après un Mietke de 1702-1704 ; autant d'éléments susceptibles de restituer une sonorité d'époque, l'essentiel restant, évidemment, l'usage qu'en font les artistes. Et ils en font un merveilleux usage, soutenus par une acoustique d'église captée avec grand soin, permettant de profiter d'un espace aéré, favorable aux échanges entre les trois voix, celle de la flûte et les deux lignes du clavecin. Cette conversation de haute tenue s'affirme dès l’Adagio ma non tanto de la Sonate BWV1034, dont la noblesse, soulignée par un diapason bas (398 Hz), n'a jamais rien de compassé. Si l'Allegro qui suit semble a priori tranquille, il se révèle d'un flegme irrésistible, notamment dans les notes et figures répétées, d'une étonnante ductilité. On admire la sonorité fruitée et dense, et les phrasés si éloquents, sans le moindre effet de manche de la flûte (la Partita est un miracle d'élégance) comme la clarté polyphonique et l'élocution désarmante de naturel du clavecin (Andante de BWV1034). Il existe certes des versions plus acrobatiques (Jed Wentz et Michael Borgstede, Brilliant Classics, 2008) ou, au contraire, plus « abstraites » (les frères Hantaï, Mirare, 2016) mais la présente, par sa splendeur sonore et son évidence musicale s'installe dans les premiers rangs d'une discographie pourtant fort riche.
|
|
