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Diapason # 698 (03 /2021)
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Ramée
RAM1908



Code-barres / Barcode : 4250128519083

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Analyste: Loïc Chahine
 

Un nouveau Diapason d'or dans les sonates pour flûte de Bach, deux ans à peine après la référence magistrale signée par les frères Hantai (cf. n° 666) ? C'est que Frank Theuns et Bertrand Cuiller ne racontent pas tout à fait la même histoire. Le programme, d'abord: si la Partita pour flûte seule est là, comme la Mi mineur avec basse continue, le reste prend d'autres chemins, avec une BVW 1030 dans sa version,en sol mineur. Un manuscrit de la partie de clavier nous l'a transmise dams cette tonalité (quand la seule version complète de l'époque est une tierce plus haut) et son titre - « al cembalo obligato e flauto traverso » - ne laisse guère de doute quant à l'instrumentation. Et puisque la Sol majeur existe déjà sous deux habits (pour viole et clavecin, à deux flûtes et basse, BWV 1027 ou 1039), pourquoi ne pas lui en tailler un troisième ? Pratique largement attestée, dont relève peut-être, d'ailleurs, la Partita, et que prolonge ici une Allemande de la Suite française n° 6 transcrite avec talent pour flûte seule.

Le discours de Marc et Pierre Hantaï touchait le ciel, dans des sonorités immaculées. La nouvelle gravure nous ramène dans la (belle) matière. Theuns assume de jouer de la flûte : il ne cherche à masquer ni le souffle, ni l'inégalité des différentes notes de la tessiture, inhérente au traverso... Les articulations caractéristiques de l'instrument semblent allier le geste à la parole. D'où une sensualité, un ancrage dans l'impérieux présent qui éveille l'intérêt.

Grâce aussi au dialogue exemplaire avec Bertrand Cuiller. La BVW 1034 y prépare l'oreille: écoutez comme la basse est nette, comme la main droite la met en valeur, comme le rythme avance, comme l'esprit est guidé et capte tout - sans didactique toutefois. Jamais dans les trios cet équilibre idéal ne sera rompu ; les voix s'épanouissent dans un discours d'une lisibilité optimale. Et ce clavecin qui sait rebondir excelle aussi à chanter, ensorcelle dans la BVVV 1030 - l'Andante! « La tessiture inférieure et l'usage abondant de doigtés de fourche [à la flûte] de cette version moins connue lui confèrent plus d'intimité et une plus grande mélancolie qu'à son incarnation plus tardive en si mineur », écrit le flûtiste. Détachée dé toute démonstration, la lecture sombre qu'en livrent les deux comparses relègue la virtuosité au second plan. Le Presto final, dans un tempo modéré, déploie des charmes vénéneux (les trilles du clavecin!).À l'opposé, la plus badine BVW 1027/1039 trouve des angles un rien plus aiguisés qui la tiennent à distance de toute mièvrerie superflue. Alliage précieux de finesse et de fermeté.


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