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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Guillaume
Bunel Certains, comme le Collegium Vocale Gent, abordent le Requiem de Victoria par ses seuls mouvements polyphoniques (Phi, 2012). D'autres, tel Tenebrae (Signum, 2011), les encadrent par des pièces de plain-chant, pour restituer une liturgie de messe des défunts. Les forces conjuguées de La Grande Chapelle d'Albert Recasens et de la Schola Antiqua de Juan Carlos Asensio vont plus loin encore dans la mise en contexte. Elles proposent en effet une reconstruction quasi complète non seulement de la messe, mais également de l'essentiel des matines et des laudes qui l'avaient précédée au cours de la veillée funèbre de l'impératrice Marie d'Autriche, destinataire de ce Requiem. Bien que la musique originelle de ces offices soit en grande partie perdue, il est aisé de la reconstituer à l'aide d'autres sources - recueils de Victoria et livres liturgiques. Passé la petite déception de ne pas découvrir d'inédits du compositeur, force est de constater que cette évocation est pleinement convaincante. Placés au terme d'une longue veillée essentiellement en plain-chant, les mouvements à six voix s'en trouvent rehaussés, par contraste avec la monodie, et surgissent avec une splendeur insolite. Aux côtés des douze voix de la Grande Chapelle (deux par partie, en général), aguerries aux répertoires espagnols, le choeur masculin Schola Antiqua réalise le plain-chant avec une parfaite expertise. Malgré des tempos souvent lents dans la polyphonie, les lignes sont fermement tenues, et le discours conduit avec une extrême sûreté. Le choix d'un petit effectif permet de ciseler le phrasé et de mettre ainsi en valeur les finesses rhétoriques d'un contrepoint très dense. Si l'abondante et riche discographie de la Grande Chapelle avait jusqu'ici donné la part belle à des auteurs méconnus, l'ensemble montre qu'il est aussi suffisamment solide pour se mesurer à des monuments du répertoire vocal de la Renaissance, et en offrir des versions à la fois neuves et pleinement abouties. En témoigne la lumière nouvelle dont resplendit ici ce grandiose Office des défunts de Victoria, emblématique du faste que pouvaient revêtir les cérémonies funèbres au XVIle siècle. |
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