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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Ivan A. Alexandre Comme on voudrait applaudir! Le Diapason découverte semblait inventé pour ce premier enregistrement du premier Don Juan lyrique. L’«abuseur de Séville» avait déjà quitté le théâtre espagnol pour la commedia dell'arte quand la reine Christine exilée à Rome fit mettre en musique ce « libertin puni » mis en musique par un frère cadet du fameux castrat Atto Melani, Alessandro, maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure. Nous voici donc parmi les prélats et les princes ce dimanche 17 février 1669 au Palazzo Colonna. Dix-sept rôles, soixante figurants, seize changements de décor: la représentation privée n'a certes rien à envier aux spectacles publics de Venise ou de Naples. Pour ne froisser personne, les auteurs ont transporté l'action de la Séville moderne dans la Macédoine antique. Et l'histoire que vous connaissez n'en occupe que le troisième acte (le valet grogne, le patron tue le précepteur d'une belle convoitée dont la statue etc. etc.) - les deux premiers suivent sans hâte le suborneur, on dit que la reine s'ennuya beaucoup. Mais vous n'aurez aucun mal à reconnaître votre Don chéri sous le masque d'Acrimante, l'épouse Donna Elvira sous celui d’Atamira, la jeune Donna Anna vêtue en Ipomene, Leporello en Bibi et Don Ottavio en Cloridoro. Quant à la partition, cousine du dernier Cavalli et du premier Stradella, si son récitatif ronronne sans génie, l'acte Il comporte quelques petits airs et duos d'une sensibilité merveilleuse - jusqu'à la perfection de « Se d’Amor la cruda sfinge » ou « Fidel ti sarò » (les malheurs d'Elvire font toujours le bonheur des arts). Disparu trois siècles durant, L’empio punito fit un retour discret en 1983 dans un petit théâtre de Montecarlo (Toscane) sous la direction du ténor américain Herbert Handt. Les Suédois l'ont découvert plus tard et, en 2003, Christophe Rousset proposait à Leipzig une lecture alerte et réduite enregistrée l'année suivante par Radio France au Festival de Montpellier. Ce n'est, hélas!, pas celle qui lève aujourd'hui le voile sur notre Don Juan oublié. L’éditeur a choisi un spectacle plus « complet » donné mi-octobre 2019 au Teatro Verdi de Pise. Les timides Auser Musici dirigés sans la moindre ambition théâtrale exposent jusqu'au sadisme un plateau effrayant. Acrimante chez Rousset, Raffaella Milanesi n'offre qu'un voile éteint aux larmes d’Atamira. Noyée dans son propre vibrato, Ipomené ne trouve plus ses notes. Le falsetto du libertin n'a qu'une couleur et point d'aigu (mais une vraie flamme, il est bien le seul); les comiques sont moroses, la technique sommaire et les bruits de scène constants, surtout au III. D'autres Empio ont fleuri récemment; celui de Rome 2019 arrive en DVD et Bluray (également écourté, sous la direction d'Alessandro Quarta chez Dynamic), et Rousset 2004 attend toujours. Les collectionneurs ne voudront pas manquer l'inédit ; aux autres, patience ! |
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