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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier L’un des plus brillants Orphée de notre décennie livre avec courage et conviction sa propre lecture de la partition. Comme Nigel Rogers (1983, Emi), Emiliano Gonzalez Toro l'aborde avec une double compétence : celle d'un chanteur ayant sa connaissance intime de l'ouvrage, et celle d'un interprète « historiquement informé ». En grande partie conforme aux voeux du compositeur, le riche instrumentarium est confié à une trentaine de musiciens experts en diminutions et réalisations chatoyantes. Le ténor et chef s'est entouré d'une phalange de jeunes chanteurs, parmi lesquels cinq madrigalistes à la cohésion parfaite. Certains choix étonnent, telle cette unique trompette renforcée de trombones et noyée dans l'orchestre de la Toccata, quand Harnoncourt faisait entendre dès 1969 les quatre trompettes naturelles avec sourdines mentionnées par MonteveMi. Plus troublant : Gonzalez Toro déduit un tactus fondamental de son grand air de l'acte III, qui dicte le tempo de toute l'oeuvre. Son « Possente spirto » s'ouvre pourtant avec une pulsation deux fois plus lente que celle employée précédemment dans les mesures de même type : « cette lenteur extrême est aussi de la virtuosité », selon lui. Certes, déployant mille raffinements expressifs, le charme se substitue à la démonstration, l'intelligibilité est optimale et l'éloquence frappante. Les trois premières stances paraissent néanmoins statiques (impression accentuée par les instruments solistes, aux passaggi plus sages que fulgurants), jusqu'à ce que le héros révèle son nom,et que la vie surgisse enfin, à la quatrième stance ! Si le tempo est ici très retenu, d'autres paraissent précipités (« Vieni Imeneo»), avec des proportions rythmiques discutables (ballo « Lasciate i monti », aux références chorégraphiques gommées). L'Orphée de Gonzalez Toro n'en demeure pas moins un héros à l'humanité profonde, progressant de l'euphorie lyrique vers la détresse la plus poignante, pour conclure en apothéose radieuse dans « Saliam », en duo avec l'excellent Fulvio Bettini. Emöke Barath est une Euridice singulière, non seulement apparition diaphane et fugitive, mais surtout chair et passions. Tout aussi inhabituelle, Alix Le Saux campe une Speranza plus dantesque qu'angélique et Mathilde Etienne imprime à sa Proserpina la sensualité désirée, face au Pluton impérieux mais moins subtil de Nicolas Brooymans. Enfin, Natalie Perez aborde en « diseuse » avisée le récit de la Messagère: elle cisèle avec minutie chaque mot, chaque inflexion, jusqu'à rendre l'ultime souffle d'Euridice dans un cri éteint. Des partis pris mûris, assumés pour une interprétation rayonnante et surtout très personnelle.
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