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Analyste:
Jérémie Bigorie Sophie Junker décide de consacrer un disque à celle qui demeure sans raison dans l’ombre de Faustina Bordoni et de Francesca Cuzzoni. La soprano française Élisabeth Duparc, alias La Francesina, apparaît dans la vie de Haendel en 1738 à l'occasion de la création de Faramondo, avant d'incarner le rôle-titre de Semele où elle sera très applaudie, notamment pour ses « diminutions surprenantes », selon le témoignage de l'artiste peintre Mary Delany. Les langues anglaise et italienne alternent dans ce récital structuré comme se doit, en airs de bravoure, lamentos et intermèdes « instrumentaux. L’art de Sophie Junker évolue à une autre altitude que celui du rossignol « sur de hautes branches » évoqué dans Deidamia - sa voix pulpeuse, ses vocalises jamais mécaniques choisissent de faire naître l'émotion plutôt que la surprise, même si les da capos réserveront leur lot d'ambiguïtés. Les ornements de « Prophetic raptures swell my breast » suggèrent la réjouissance à l’idée des tendresses de l’amour plutôt que la rédemption promise par l'au-delà, quoiqu’en dise le texte. Tour à tour mutine à l'image de Sémélé qui rit de se voir si belle en son miroir (« Myself I shall adore »), obstinément amoureuse, comme dans « Và, perfido! Quel cor mi tradirà » où l'ambivalence des sentiments est parfaitement restituée via ce « barbaro » prononcé sur le ton de « amor mio », Sophie Junker est aussi une bouleversante Iole d'Hercules : « Peaceful rest » agit comme un baume apaisant, une berceuse qui invite au repos après la mort violente et injuste du père. Pour son premier disque sous étiquette Aparté, Le Concert de l'Hostel Dieu, dirigé du clavecin par son fondateur Franck-Emmanuel Comte, fait valoir un accompagnement sobre, parfaitement en situation, avec une musette (Concerto grosso op. 6 no 6) langoureuse et chantante. « Quelle passion la musique ne peut-elle éveiller ! », clame l'Ode à sainte Cécile: avec ce superbe récital, Sophie junker nous en donne un pertinent aperçu ; et La Francesina d'en sortir grandie!
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