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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Roger-Claude
Travers Tamerlano ou Bajazet? Vivaldi intitule le manuscrit de son pasticcio, composé en 1735 pour le Teatro filarmonico de Vérone, Bajazet. Il sera représenté sous le titre Il Tamerlano. Dantone se conforme aux indications du livret, tandis que Fabio Biondi, offrant en 2005 le plateau le plus éblouissant jamais réuni dans un opéra de Vivaldi (Virgin), en restait aux choix initiaux du Vénitien. Honneurs aux vaincu Bajazet, tels Motezuma ou Catone (avec chaque fois un baryton dans le rôle-titre), garda les faveurs du musicien qui ne prisait guère les vainqueurs : Tamerlano, Fernando (Cortés) ou Cesare sont tous des sopranos! Il écrit lui-même les airs pour Bajazet et sa fille Asteria, dont les relations dramatiques constituent les moments forts de la partition, et abandonne Tamerlano, Irene et Andronico aux Napolitains à la mode, Hasse, Giacomelli ou Broschi. Le livret est savoureux : Tamerlano veut épouser Asteria, la fille du sultan vaincu Bajazet. La belle tente de l’assassiner, mais dénoncée par sa rivale Irène, sera jetée aux esclaves du sérail. Au comble du désespoir, Bajazet se donne la mort. Lieto fine : Tamerlano pardonnera à Asteria et son complice Andronico tandis que lui-même épousera Irène. Moins narcissique qu’un Biondi aux inspirations fulgurantes, la patte de Dantone est énergique et délicate à la fois, respectueuse de l’œuvre. Les trois CD (là ou Biondi devait se contenter de deux) permettent de rendre justice aux superbes récitatifs, conduits avec un vrai talent de continuiste. Tout cela est vivant, palpitant. Une réserve pour l’extraordinaire scène d’ouverture, trop amputée. Petit bémol aussi pour les da capo composés par Dantone, qui déforment les lignes musicales au lieu de les magnifier. Bravo, en revanche, pour la reconstruction, avec un choix d’airs d’une concordance prosodique, stylistique et historique parfaites pour « Quel ciglio vezzosetto » et « Cruda sorte ». Même le « Nel profondo » remplaçant le « Qual furore » est justifié. La Girò, petit gosier qui le chantait et avait les yeux plus grands que le ventre, s’appropriait volontiers les grands airs pyrotechniques de son maestro. Alors, pourquoi pas? D’autant qu’ici, Delphine Galou, joyau de la distribution, y fait honneur. Regrettons par contre une erreur de Dantone. Pourquoi diable insérer un improbable « Certo timor » de la vieille Candace alors qu’existe l’original de « D’ira e furor armato » dans Montezuma (II,8)? Si l’Asteria de Galou se révèle somptueuse, le Bajazet de Bruno Taddia n’a ni l’autorité ni le timbre d’Idebrando d’Arcangelo (chez Biondi). Ce vaincu qui savonne et n’est pas en mesure pense-t-il que cela constitue un bel effet dramatique? Quand au Tamerlano de Filippo Mineccia, il ne risque pas de rivaliser avec David Daniels. : ces changements de registre, ces vocalises appliquées, cette projection modeste déçoivent. Irène honorable de Sophie Rennert. Une belle réalisation donc, mais qui ne détrône pas la version Biondi. |
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