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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Cesti est, avec Cavalli, le plus éminent, représentant de l'école vénitienne d'opéra. On ne le devinerait pas au vu de sa maigre discographie. Le moine franciscain fut pourtant un virtuose, un imprésario et un compositeur acclamé, tant sur les théâtres de la lagune que dans les cours de Florence et Rome ou d’Autriche. René Jacobs, qui ressuscitait en 1980 au Festival d'Innsbruck un mémorable pasticcio (ORF) puis gravait L'Orontea trois ans plus tard (HM), n’a guère fait d'émules. Sur la dizaine d'opéras de Cesti parvenus jusqu'à nous, seules ont depuis été enregistrées Le disgrazie d’Amore (Hyperion, 2009). Et toujours rien au rayon vidéo... Cette Dori, captée à Innsbruck - où elle avait été créée en 1657 - en 2019, est donc un évènement. Au CD publié en parallèle (CPO), préférez le DVD ou le Blu-Ray, même dépourvu de sous-titres en français, pour découvrir ce palpitant dramma per musica et en suivre les péripéties. Car le livret multiplie les imbroglios amoureux et politiques, les travestissements, dans uncadre persan à l'exotisme sauvage et sensuel. La suavité des harmonies et l'équilibre idéal entre vocalité et théâtre séduisent : l'émancipation des airs s'opère sans que le récitatif sacrifie ses atours typiquement vénitiens. Le spectacle restitue la prodigieuse vitalité de cette tragicomédie réjouissante. La mise en scène de Stefano Vizioli associe avec légèreté drame et bouffonnerie, décors colorés et atmosphères en clair-obscur, riches costumes orientalisants. Troubles et raffinementsEmöke Barath prête son lyrisme rayonnant au prince Tolomeo, personnage ambigu déguisé en femme, tandis que le chaud contralto de Francesca Ascioti donne de la profondeur à l'incarnation de la princesse Dori, travestie en bel esclave. Saluons aussi, au sein d'un plateau bien distribué, la vieille nourrice d'Alberto Allegrezza, ténor à l'abattage étourdissant, et l’Oronte déchiré du contre-ténor Rupert Enticknap.
Analytique
et inventive, la direction d'Ottavio Dantone nous vaut une réalisation
instrumentale de toute beauté: chaque ritournelle, chaque sinfonia se pare de
couleurs et de nuances raffinées, et la tension dramatique ne faiblit jamais. Le
continuo est à lui seul une splendeur: pas moins de deux clavecinistes, un
organiste, deux luthistes, et l'éminente Margrit Kröll à la harpe. Quarante ans
après le « miracle Jacobs », Cesti connaît une nouvelle renaissance! |
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