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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Philippe Venturini La photo de couverture intrigue et interroge. Pourquoi diable ces tenues identiques et ces lunettes de soleil ? Le bref texte de présentation, signé à deux mains par les deux artistes, donne une indication : « Aujourd'hui, { ...} ce fut comme une évidence qu'il était temps pour nous de se lancer dans l'aventure de l'enregistrement, comme un témoignage à deux de notre immense amour de cette musique, de notre passion et de notre respect pour cet art qui illumine nos existences et, avouons-le, la plus belle des manières de fêter trente ans d'amitié merveilleuse, de celles qui nourrissent une vie entière. » Le noir pour laisser la priorité à Bach et aucun caprice de star pour occuper le devant de la scène. La musique confirme: rarement aura-t-on entendu violon et clavecin, pourtant difficiles à unir, croiser si amoureusement leurs cordes et les tresser avec tant de justesse autour de ces sonates aux mille reflets. Violaine Cochard fait du clavecin de Ryo Yoshida, construit d'après un original de Gottfried Silbermann, un partenaire particulièrement attentif, plus concentré sur l'épanouissement de la note et l'ondulation du son que sur l'autorité nerveuse des attaques. Comme si le métal devait assouplir pour épouser les courbes du violon baroque de Joseph Catenari de Stéphanie-Marie Degand. PLÉNITUDE INCOMPARABLE Si les deux musiciennes ont choisi de s'effacer derrière le compositeur, elles n'hésitent pas à mettre en valeur, sans le moindre effet de manche, l'incroyable relief de ces oeuvres. Aussi les mouvements de lyrisme éperdu, nombreux, chantent-ils avec une plénitude incomparable: ainsi de la grave mélancolie qui ouvre la Sonate no 1, de l'Adagio ma non tanto de la nº 3 à la sensibilité frémissanté (tout, dans la suggestion, rien dans l'épanchement), de la tendre sicilienne de la nº 4, des pensées inquiètes du Largo de la nº 5, entretenues par une « idée fixe », ou des sombres ruminations de l'Adagio, en doubles cordes, de la même. Et les mouvements rapides, en toute logique, offrent de singuliers contrastes : les chassés-croisés fugués et amusés du premier Allegro des Sonates nº 1 et 4, le plaisir de l'instrument chauffé au soleil d'Italie dans le finale de la nº 1 ou de l'ouverture de la nº 6. Stéphanie-Marie Degand et Violaine Cochard rappellent également que Bach ne saurait écrire deux fois la même page et adaptent leur jeu à la perspective entre leurs instruments : sonate en trio, concerto, air accompagné. Dans une discographie où la plupart des violonistes baroques (Fabio Biondi, Christine Busch, Chiara Banchini, Patrick Cohën Akenine, Florian Deuter, Stefano Montanari, Alice Piérot, Rachel Podger, Leila Schayegh, Pablo Valetti), ou assimilés (Isabelle Faust, Viktoria Mullova), ont déjà laissé des enregistrements significatifs, Stéphanie-Marie Degand et Violaine Cochard réussissent à se frayer un chemin vers les premières places. Même avec des lunettes noires. |
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