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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Ivan A.
Alexandre Göttingen n'aura pas eu la chance de Salzbourg: sa fête du centenaire, qui tombait au printemps en pleine pandémie, a été simplement annulée. Le fidèle se consolera en réécoutant ce Saul plein de sève enregistré lors du concert donné tout près, à Münden, le 18 mai 2019. Où l'on retrouve Laurence Cummings, patron du festival jusqu’à cette année précisément, qui dirigeait le même oratorio mis en scène par Barrie Kosky lors de sa reprise à Glyndebourne en 2018 et juste avant la crise virale au Châtelet. Un expert au pupitre, architecte d'un drame complexe - ni antienne ni opéra sacré, toujours entre deux mondes -, peu doué pour l'abandon pas irrésistible conteur du triomphe initial au désastre final. Généreux en images sonores (trombones, carillon, harpe, flûtes « antiques »), l'orchestre lutte d'abord avec prudence contre la réverbération de l'église St. Blasius mais se libère à l'acte Il et se lâche dans la scène de Samuel - prophétie hélas confondue encore une fois avec un sabbat de cartoon. Tempo soutenu, choeur volontaire, bon esprit, Saul promet. Et désespère, faute de voix. Si l'oratorio n'est pas l'opéra, tout de même il se chante. Handel ne le destinait pas aux collèges de Chelsea mais aux meilleurs gosiers de Londres. Michal à Glyndebourne en 2015, Sophie Bevan a perdu toute ligne et court après l'autre fille de Saül jusqu'à la suffocation. Sa soeur Mary ne prononce plus; le contre-ténor américain Eric Jurenas traverse un premier acte douloureux, puis exulte sans deviner quels trésors de poésie la partition réserve au prince David ; Markus Brück prend le roi d'Israël pour un cousin d'Alberich, tout en consonnes lui, sans noblesse, sans étoffe, sans vocalise. La couronne donc, comme à Glyndebourne et à Paris, au Jonathan de Benjamin Hulett, stylé, parfait. Modeste somme auprès des plateaux réunis par Gardiner (Gôttingen trente ans plus tôt, Philips puis Decca), McCreesh (Archiv 2002), Jacobs (HM 2004) ou Christophers (Coro 2012), sans oublier la paire David / Jonathan (Paul Esswood / Anthony Rolfe Johnson) dans l'album pourtant peu décisif de Nikolaus Harnoncourt. Quoi qu'il en soit, Saul reste un mystère. Comme l'arc d'Ulysse, il n'a pas fini d'attendre son maître. |
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