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Diapason # 693 (10 /2020)
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Arcana
A477




Code-barres / Barcode : 3760195734773

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Maximilien Hondermarck

 

La chapelle du château de Ludwigsburg était « parée de noir, plongée dans une obscurité éclairée seulement par des torches et des bougies, et occupée au centre par la construction éphémère d'un castrurn doloris destiné à abriter le cercueil », nous apprend la notice. Le cadre dramatique - les funérailles de la duchesse de Tour et Taxis le 9 février 1756 - aurait pu entraîner Jommelli à une multiplication de figuralismes larmoyants et d'attaques vengeresses. Et pourtant!

 

Le Dies irae ravale rapidement son incipit menaçant pour s'épanouir dans une touchante supplication où la souplesse du tissu orchestral répond à la fluidité des prises de parole solistes. La séquence se termine par un Pie Jesu inhabituellement polyphonique, chuchoté par un choeur de putti au-dessus d'une scène de la nativité. Même confiance pergolésienne en un Dieu clément dans l'absoute: il faut entendre Sandrine Piau chanter sa terreur tremblante avec la candeur de Cherubino. L'effectif choral idéalement flexible aborde les sections contrapuntiques avec le même souci de se tenir à distance du spectaculaire: le Kyrie où l'on croit entendre Campra, le Quando coeli torrentueux, le Lux aetema apaisé. Ce Requiem, souvent repris, et jusqu'aux funérailles de Rossini en 1868, avait connu un seul enregistrement, pâlichon, en 1999. Oublions la version de Van Heyghen (Passacaille) publiée parallèlement à celle-ci, moins convaincante avec son choeur de solistes manquant de chair. Déjà défricheur de deux inédits sacrés de Pergolèse (Diapason Découverte, cf nº 669), Giulio Prandi - geste ample et précision des atmosphères - transmet à tout le plateau cette conscience presque religieuse, en tout cas très sérieuse, de faire découvrir une oeuvre importante.

 

On pourra épiloguer sur le choix d'un alto trop opératique ou sur la placidité des interventions de plain-chant. Mais l'auditeur de 2020 reconnaîtra là un précieux jalon dans la longue histoire des Requiems, du côté de ceux qui consolent plutôt qu'ils n'effraient.

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