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Diapason # 692 (09 /2020)
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Code-barres / Barcode : 4015023243682

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Analyste: Denis Morrier

Originaire de Palerme, disciple de Fasolo et Rubino, membre de l'ordre des Franciscains, Aliotti rejoint Padoue en 1671 où il devient organiste de la cathédrale puis vice-maître de chapelle. Il s'installe trois ans plus tard à Ferrare, où il côtoie Colonna, Legrenzi et Melani, avant de retourner en 1679 dans sa ville natale. Son Triomphe de la Mort voit le jour à Ferrare en 1677 et sera repris neuf ans plus tard à Modène. Le livret italien de cet oratorio volgare s'inspire de l'épisode biblique d’Adam et Ève pour former une fable édifiante. L’amour charnel qui lie le couple les voue à la Mort; les Sens et le désir entrent en conflit avec la Raison ; Lucifer met en oeuvre la tentation du fruit défendu; les amants succombent, le Paradis terrestre leur est interdit à jamais. Moralité: la Mort triomphe, mais l'Espérance demeure.

La musique d'Aliotti reflète à la fois l'héritage de l’oratorio romain de Carissimi (construction narrative mêlant personnages, allégories et choeurs des anges, des vertus ou des démons), celui de l'opéra vénitien de Cavalli (dialogues dramatiques alternant recitar cantando et arie aussi brèves que charmantes) et la tradition musicale religieuse méridionale de Rubino (richesse de l'harmonie, goût pour les vastes architectures).

Rendons grâce à Judith Pacquier et Etienne Meyer qui dévoilent ici ce joyau emblématique de l'art et de la sensibilité de la Contre-Réforme. Un ensemble instrumental richement coloré (doublures de cordes et flûtes ou cornets) soutient un plateau où les solistes s'unissent pour les choeurs (impressionnante conclusion fuguée, à la fois radieuse et consoIatrice: « Sperate mortali »). Capucine Keller incarne une Ève alternant séduction et pathétisme, en particulier lors de son lamento amoureux, sommet de la partition (« Discioglietevi, dileguatevi »). Vincent Bouchot est un Adam profondément humain (« Ma che dissi, mie care pupille »). Confronté à la mission paradoxale - mais théologiquement fascinante - d'incarner à la fois Dieu et Lucifer, Renaud Delaigue convainc davantage en tentateur faillible. Les personnages secondaires, solidement campés, ne déparent pas un ouvrage qui méritait amplement sa résurrection.


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