Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Piotr Kaminski Pour John Eliot Gardiner, c'est le temps du Retour aux Sources. Voilà qu'il remet sur le métier une oeuvre qu'il n'a pas touchée depuis quarante ans* , une « tragédie bouffe » dont le principe dramatique, à l'instar d'un Don Giovanni, n'est pas l'alternance, mais l'interférence du buffo et du serio, la divine ambiguïté. Encore faut-il le vouloir et le pouvoir. Échaudé peut-être par l'expérience de 1981 où, entre le concert et le studio, sa Semele avait perdu certaines de ses chatoyantes vertus, Gardiner opte cette fois pour un live, plus complet. Dès les premières mesures, on s'interroge pourtant: son esprit habite-t-il toujours à cette adresse? Ce qu'on gagne en énergie et en force rythmique, on le paie en variété, d'articulation, de dynamique (contrastes par blocs, plutôt que nuances et dégradés), d’expression. Une fois déterminé, le caractère d'un morceau ne fléchira guère, et la définition de ce caractère peut surprendre ; ainsi le choeur « Now love, that everlasting boy », évoque plutôt les murs de Jéricho que les panneaux d'une alcôve. Les ensembles ne démentent jamais leur réputation, si les prouesses du choeur frôlent parfois le maniérisme (« O terror, and astonishment »). Une distribution exceptionnelle aurait pu illuminer un tel édifice. Celle voulue par Gardiner est honnête, mais modeste. Passons sur les médiocres Iris et Cupidon, qui relèvent de la « gestion du choeur». En Junon, Lucile Richardot force ses moyens et « farce » le trait : aurait-elle trop écouté Marilyn Horne ? La tendre Ino correspond mieux à sa nature vocale, et le duo avec Athamas sera sa plus belle page. Carlo Vistoli y trouve également ses meilleures notes - lui qui pourtant gagne les deux airs du prince coupés en 1981, airs où Jeffrey Gall, dans le live new-yorkais de John Nelson en 1985, reste imbattable. Hugo Hymas maîtrise les difficultés de sa partie avec élégance et musicalité : legato, phrasé, diction, vélocité. Charming boy; mais Jupiter ? Louise Alder, dans un rôle taquiné autrefois par Beverly Sills et Margaret Price, laisse une impression similaire: beaucoup d'aisance dans les deux airs virtuoses, joli timbre, conduite irréprochable, et à l'arrivée - une exquise esquisse. Seul le formidable Gianluca Buratto présente un « visage » vocal à la mesure du défi. Beaucoup de vertus en somme, Pas assez d'ivresse. Semele reste une utopie.
* Haendel - Semele - English Baroque
Solists, John Eliot Gardiner, |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews