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Löic Chahine Avril 2018. Dans une vente chez Drouot passe un manuscrit intitulé Recueil des plus belles pièces de viole de M. Marais avec les agréments. Le document est précieux : il renferme des indications que ne livre aucune publication imprimée, en particulier sur le jeu de l'archet ou les intentions : « jeté », « petits coups détachés », « grands coups », « petits coups tapés », « enlevé »... Deux violistes se disputent les enchères : Jonathan Dunford, au nom de la Société française de viole, et Vittorio Ghielmi. Si le premier l'emporte (le document est désormais à la BnF, accessible à des conditions spécifiques), le second a relevé plusieurs pièces qui constituent le corps de ce récital. « Le Secret de M. Marais » ? Le manuscrit, ayant appartenu à un certain Armand-Joseph Delaistre, a vraisemblablement été copié à la fin des années 1750, soit après la mort du célèbre violiste. Il s'agit toutefois d'un témoignage exceptionnellement précis sur le jeu de la viole en France au XVIIIème siècle, et certaines indications entrent en résonance avec la description du jeu de Marais faite par Hubert Le Blanc (1740). Ghielmi reste fidèle à la manière qui était déjà la sienne dans « Pièces de caractère » (Naïve, 2002) : un archet d'une infinie variété est mis au service d'un discours expressionniste, qui se fragmente en une myriade d'effets. La Biscayenne, portée par une superbe gradation et intégrée entre deux danses d’Alcyone, ou encore Le Bijou, kaléidoscopique et presque tragique, s'en trouvent particulièrement épicés, quand d'autres pages peinent à émouvoir. Si le violiste déplore que Les Voix humaines soient jouées « dans la tradition moderne, pianissimo et sans développement dynamique et rhétorique », ses effets appuyés nous désorientent plus qu'ils ne nous touchent. Les croches du Badinage, pourtant notées liées, sonnent ici détachées, et Ghielmi ajoute des glissés que le manuscrit n'indique nullement. En de nombreux endroits, il semble nous prendre à bras-le-corps un moment pour nous lâcher tout de suite après (Allemande La Marianne). Même dans la sarabande La Désolée, l'esprit est plus à la fête que le coeur. Côté continuo, saluons la réalisation partout exemplaire d'efficacité et de non-ostentation chez le complice Luca Pianca. À l'image du reste, quelques pages orchestrales, vigoureuses et pittoresques, aux articulations volontiers inattendues, impressionnent plus qu'elles ne convainquent véritablement.
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