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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Singulier Prometeo ! Cet opéra en castillan, écrit dans le goût vénitien pour la cour de Vienne par le Kapellmeister italien des Habsbourg, avait sombré dans l'oubli après seulement deux représentations, en décembre 1669. Son livret, modèle de bizarrerie baroque, ne mêle pas moins de trois intrigues: les amours de Thétis et Pelée, la tragédie d’Arachné, et le mythe de Prométhée, confondu avec celui de Pygmalion. Treize personnages nouent d'improbables imbroglios jusqu'à ce que Prométhée soit déchaîné, contre toute attente. Des trois actes sortis de la plume de Draghi, seuls subsistent les deux premiers. La musique de ce prolifique auteur - cent soixante-quatorze oeuvres profanes essentiellement pour la scène, en plus d'une cinquantaine d'oratorios, messes et motets - se distingue par l'extrême souplesse de son recitar cantando et la suavité de ses mélodies, héritées des maîtres vénitiens. Pour le dernier acte, Alarcon a lui-même composé un surprenant kaléidoscope stylistique, au lyrisme intense. Plutôt que de pasticher Draghi, il préfère convoquer le souvenir de Monteverdi, Cavalli, Merula, Cesti, Caldara, et même de Mozart (« en hommage à l'opéra autrichien »). Créé sur scène à Dijon en juin 2018, cet avatar hybride a encore été réaménagé pour le disque : le chef argentin introduit d'heureux repentirs (en particulier dans l'Ouverture). Son plateau est dominé par la rayonnante Thétis de Mariana Florès, à la grâce ineffable, et le Prométhée ,tout aussi héroïque que pathétique de Fabio Trümpy. Il faut également savourer l'insidieux Mercure de Zachary Wilder, aux réjouissants suraigus, et le truculent Nérée de Victor Torrès. Ana Quintans et Lucia Martin Carton apportent à l'inégal acte III son sommet dramatique lorsque, face aux fulminations de Minerve, Arachné émeut par son humanité.' Enfin, une vingtaine d'instrumentistes aguerris et l'excellent choeur de Namur complètent la palette bigarrée d'Alarcon. D'une matière improbable, ce dernier tire une fresque à la construction certes artificielle, mais brossée avec une indéniable splendeur. |
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