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Outil de traduction (Très approximatif) |
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Analyste:
Philippe Venturini Quand, en 1999 et déjà pour Bis, Masaaki Suzuki enregistrait la Passion selon saint Matthieu, il n'avait à son actif que le dix premiers volumes de son intégrale des cantates sacrées. Vingt ans plus tard, il a achevé ce parcours, enregistré les cantates profanes, les oratorios, de la musique instrumentale (Concertos brandebourgeois, Suites, etc), de chambre, pour clavecin et pour orgue. Pourtant, rien n'a fondamentalement changé dans sa conception de l'oeuvre et son style. Les forces en présence restent de configuration identique (trois ou quatre voix par pupitre dans le choeur auquel participent les solistes, trois premiers et seconds violons) même si, bien sûr les équipes se sont modifiées à l'exception du ténor Makoto Sakurada et de quelques choristes et instrumentistes (Ryo Terakado demeure premier violon du premier groupe). Alors pourquoi refaire? Pour présenter une texture plus aérée, des lignes plus fines, davantage de détails, une nouvelle distribution vocale, faire entendre un clavecin à certains moments et profiter d'un nouvel orgue comme l'explique Masaaki Suzuki: « un grand orgue d'église[..] et non pas un petit orgue positif comme il est d'usage dans les interprétations actuelles de la musique baroque ». Il se perçoit en effet dès le choeur introductif auquel il apporte un soutien harmonique incontestable qui, en revanche, obscurcit un peu le rythme obstiné de marche (noire-croche en ternaire). Peu de différences entre les deux versions a-t-on écrit, ce que le chronomètre confirme, et une fidélité à une lecture sereine, apaisée presque, au-delà du simple drame humain, comme pour mieux accéder à l'universel. Il serait vain de comparer un à un les solistes mais on peut estimer l'Évangéliste de Benjamins Bruns plus impliqué que Gerd Türk. Se remarquent aussi le Christ souverain de Christian Immler, les interventions de Carolyn Sampson (bouleversant « Aus Liebe wili mein Heiland sterben ») et de Damien Guillon («Ach Golgatha»). Apparemment plus modeste, l'entreprise de Stephan MacLeod n'en est pas moins pertinente. Avec Gli Angeli Genève, il interprète très régulièrement les cantates de Bach et, pour cet enregistrement, il s'est adjoint la participation de solistes, vocaux et instrumentaux, de premier ordre : Alexis Kossenko à la flûte, Leila Schayegh au violon,Francis Jacobs et Maude Gratton à l'orgue, Bertrand Cuiller au clavecin. Avec un effectif léger (deux voix par partie dans le choeur), l'équipe propose une lecture sans effet de manche et d'une parfaite homogénéité. Werner Güra, après son enregistrement avec René Jacobs (Harmonia Mundi, 2012, CHOC, Classica nº 157) incarne à nouveau un Évangéliste sensible et éloquent (Jésus devant Pilate). Dorothee Mields et Alex Potter peuvent paraître un rien affectés mais la conduite du drame s'accompagne de nombreux moments intenses tels l'arrestation du Christ et les hurlements de la foule réclamant la libération de Barabbas. Jusque la mise au tombeau, cette Passion selon saint Matthieu s'écoute avec une attention soutenue. Stephen Cleobury, qui disparut quelques mois après cet enregistrement, adopte un effectif instrumental comparable à celui de Suzuki. Mais l'acoustique de la chapelle du King's College de Cambridge et la masse chorale empêchent d'en assurer la même lisibilité polyphonique. On retrouve l'Évangéliste convaincu de James Gilchrist, avec qui il avait signé une Passion selon saint Jean remarquée, exclusivement masculine (Naxos, 2001). En revanche les airs furibonds de Matthew Rose, plus Polyphème que Jésus, et ceux, pâlichons, de David AlIsopp laissent perplexes. Tout comme la direction qui semble accompagner plus que conduire les chanteurs et peine à trouver une nécessité dans l'évolution du récit jusqu'à son terme. |
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