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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean-Michel
Molkhou Entre le monument que constitue ce cycle et son impressionnante discographie, tout nouvel enregistrement des six Sonates et Partitas de Bach relève obligatoirement du défi. À force d'attendre le bon moment, il n'est jamais venu pour David Oïstrakh ni pour Isaac Stern... Solenne Païdassi, vainqueur du Concours Long-Thibaud en 2010, mesure l'enjeu par une préparation intensive et cherche manifestement sa voie dans un entre-deux qui n'ose ni s'inscrire dans la tradition (transcendée par Grumiaux et Milstein) ni faire radicalement table rase (comme Faust ou Tetzlaff). Le geste est sûr, l'intonation irréprochable, l'archet se montre vif (Gigue de la BVVV 1004, Allegro de la 1005) et conduit avec une indiscutable autorité. Les fugues sont bien bâties (BVVV 1001), les mouvements rapides agiles, et bien que le vibrato se fasse très rare, il soutient çà et là le son mieux que dans nombre de versions « historiquement informées ». Certains, comme moi, regretteront que son superbe Guadagnini - de facture bien postérieure à l'écriture de l’oeuvre - ne puisse pas exprimer ici toute la générosité de ses timbres (Fugue de la BVVV 1003). Malgré un jeu réfléchi et des contours ciselés, les cordes choisies ne semblent pas toujours répondre pleinement à la sollicitation de l'artiste lorsqu'elle opte pour des tempos vifs (Double de la Courante de la BVVV 1002, Allegro de la BVVV 1003), tandis que quelques ornementations italianisantes de son cru, peut-être en vogue à l'époque, n'apportent rien à la beauté du texte. Et quelques maniérismes surgissent parfois sans qu'on s'y attende (Double de la Bourrée de la BWV 1002, Largo de la BWV 1005). Le discours tient souvent en haleine par son sens du récit autant que par sa poésie (Andante de la BVVV 1003, Fugue de la BVVV 1005), mais déçoit ailleurs par la tristesse de ces sons qui tombent (Allemande de la BVVV 1004) et par la trop faible lumière qui éclaire ces pages miraculeuses (Corrente). Quant à l'immense Chaconne, clef de voûte de tout l'édifice, elle en devient presque trop discrète et ne trouve pas ici sa majestueuse dimension de cathédrale. Le ton adopté y est celui d'une confidence, entrecoupée d'élans presque désordonnés, en lieu et place de la gigantesque épopée élevée au souvenir de l'orgue qu'elle décrit. Dans la lumineuse Partita en mi majeur qui conclut l'ensemble la violoniste laisse libre cours à sa fantaisie et à son goût du clair-obscur, offrant une vision lumineuse et optimiste de la plupart des mouvements à l'exception de la Loure.
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