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Diapason # 689 (04 /2020)
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Linn
CKD618




Code-barres / Barcode : 69106206182

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean-Christophe Pucek

 

En dépit de son séjour à Lunebourg de 1700 à 1702, dans ce Nord de l'Allemagne volontiers accueillant pour les musiciens anglais, rien n'atteste que le jeune Bach ait été en contact avec des formations se rapprochant du consort de violes, d'ailleurs déjà désuètes à l'époque. Nombre de ses oeuvres ultérieures démontrent en revanche son attachement envers un instrument alors à son crépuscule.

Phantasm n'est pas le premier ensemble à tenter la transposition pour les violes des denses polyphonies élaborées par le Cantor dans ses recueils pour le clavier, ici majoritairement le Clavier bien tempéré et la troisième partie de la Clavier-Übung. Ses compatriotes de Fretwork l'ont précédé avec l'Art de la fugue (HM, 2002), puis le récital « Alio modo » (2005) et les Goldberg (2011).

L'écriture de Bach se prête particulièrement bien à un exercice qui met en lumière la profusion de ses idées et la précision de ses lignes tout en renforçant encore son expressivité à la faveur de tel détour chromatique (les Ricercari à 3 et à 6 voix tirés de l'Offrande musicale), mais aussi sa fluidité lorsqu'un prélude danse ou s'émeut librement qu'une fugue s'écoule comme un ruisseau tantôt limpide, tantôt désolé.

Les archets experts de Phantasm dessinent chaque atmosphère avec subtilité, usant de leurs ressources rhétoriques et dynamiques pour ne jamais laisser la musique s'enfermer dans un camaïeu de gris ou d'ocres. Ce programme exigeant, baigné d'une intériorité parfois douloureuse (ainsi la Fugue BVW 869, au bord des larmes), accueille qui lui accorde la concentration qu'il mérite. Le choix intelligent des pièces et la variété des affects convoqués par les musiciens n'oublient jamais d'y ouvrir ces havres consolateurs de joie, de chaleur et de lumière qui sont au coeur même de l'art de Bach.

 

Prise de son d’exception

par : Isabelle Davy (Diapason # 690 - mai 2020

Magnifiquement sculptées, ingénieusement articulées (à la Jesus-Christus-Kirche Dahlem de Berlin, Allemagne), les violes de Phantasrn évoluent avec élégance. Chaque voix instrumentale parfaitement détourée, se visualise et renforce la lisibilité du contrepoint.  Ampleur, stabilité, richesse harmonique qualifient également cette captation. Phîlip Hobbs campe une image tout en relief qui, comme un seul corps sonore, prend des couleurs variées aux reflets irisés et chatoyants. Un baume de douceur et de sérénité.

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