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Diapason # 687 (02 /2020)
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Arcana
A463


Frescobaldi: Toccate, Capricci, Fiori Musicali Product Image

Code-barres / Barcode : 3760195734636

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Analyste: Vincent Genvrin
 

Ce n'est pas une intégrale que propose Francesco Cera, mais la réunion des quatre opus majeurs (Primo et Secondo Libro di toccate..., Libro di Capricci, Fiori musicali) qui, en vingt ans (1615-1635), ont fait de Frescobaldi l'un des plus grands compositeurs pour le clavier. Plus de huit heures de musique où tout est neuf, sinon envisagé d'une manière nouvelle, et qu'il faut écouter in extenso pour prendre la mesure véritable de son génie. 

La toccata est assurément le genre qui résume le mieux la créativité et l'inspiration de l'organiste de Saint-Pierre de Rome. Celui-ci la conçoit comme un madrigal sans paroles, alternant épisodes libres et en imitation pour exprimer (ou plutôt susciter) différents affetti. Là où les interprètes se contentent souvent d'une bondissante mais un peu creuse commedia dell'arte, Cera s'attache aux tourments intérieurs qu'évoquent maints textes de madrigaux. Avec subtilité, son jeu met en évidence le passage de la mélancolie un peu convenue de la Renaissance à une véritable angoisse existentielle (Toccata XI du Livre II). Même approche pour les grands cycles de variations où il privilégie la profondeur, avec un art achevé de la construction (Cento partite sopra passacagli). 

Cera a effectué un travail de recherche et d'appropriation considérable, allant jusqu'à enregistrer le premier disque dans une salle de la résidence des ducs d'Este près de Ferrare, à l'acoustique remarquable de clarté, où le jeune Frescobaldi s'est sans doute fait entendre. Et pourtant il n'est pas rare que l'on songe à Bach, à Schumann et même à Chopin. Tel est le mérite d'une approche musicologique qui sait reconnaître ce qu'il y a d'éternel dans l'art, au lieu d'instrumentaliser « l'authenticité » pour nous ramener l'air de rien à notre époque et à ses petites préoccupations. 

Selon les habitudes du premier XVIIe siècle, certaines pièces s'adressent indifféremment au clavecin ou à l'orgue, le choix - ici toujours judicieux - étant du ressort de l'exécutant, sauf lorsqu'une destination liturgique désigne expressément l'instrument à tuyaux. Cera est un organiste de grand talent, il l'a encore montré récemment dans sa superbe anthologie Correa de' Arauxo (cf n° 675). Malheureusement, une prise de son trop proche empêche de goûter pleinement son interprétation, surtout lorsque la sonorité des instruments n'est pas parfaite. 

Si le magnifique Cipri de Bologne conserve sa cohérence, que dire des fondamentales pesantes et rugueuses du Guglielmi de Santa Maria in Vallicella, par-dessus lesquelles surnagent des rangs aigus clinquants ? Les grandes pièces du Secondo Libro en souffrent, de la Toccata IV da sonarsi all'Elevatione où le principal grince plus qu'il ne chante, à la Toccata Vsopra ipedàli alourdie par un ripieno affublé d'une peu gracieuse tromba. Quant aux versets alternés avec le plain-chant (fort bien interprété par l'ensemble Arte Musica), ils perdent une part de leur sens faute d'une restitution crédible de l'espace de l'église. 

Longuement médité, enregistré sur quatre années, doté d'un magnifique appareil éditorial, ce monument édifié par Cera à Frescobaldi achoppe donc sur des questions d'orgue. Mais il recèle tant de moments de grâce que l'on est tenté de dire : tant pis.

 


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