Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Paul de Louit Depuis 1953, date à laquelle Gustav Leonhardt entreprit de démontrer que L’Art de la fugue était destiné au clavecin, les versions sur cet instrument n'ont pas manqué. Les siennes restent sans rivales, où il plaide plus éloquemment sa thèse par l'interprétation que par l'écrit. Ses concurrents pouvaient avoir quelque chose de plus intérieur (Bob Van Asperen), de plus fin (Sébastien Guillot), de plus touchant (Jean‑Patrice Brosse), de plus apollinien (Davitt Moroney) ou de plus foutraque (Martha Cook); mais aucun d'eux n'avait le pouvoir de nous entraîner dans la même aventure musicale avec la même autorité ni la même évidence., Pieter‑Jan Belder n'est certes pas un perdreau de l'année: grand avaleur d'intégrales, il a pu convaincre chez Duphly ou dans le Fitzwilliam Virginal Book, et décevoir dans Carl Philipp Emanuel Bach. L’autorité, l'évidence, c'est peut‑être l'expérience qui les lui apporte. Écoutez son implacable Contrapunctus VIII ou la vélocité de son Contrapunctus IX : nul ne nous happe et nous fait vivre le resserrement de l'écriture avec cette urgence irrésistiblement tenue. Dès les quatre premières fugues, souvent conçues comme d'austères et lents ricercari, c'est par l'équilibre entre acuité rythmique et ductilité mélodique que Belder fait vibrer la vitalité de la polyphonie. Il a de quoi rendre jaloux les organistes : sur son clavecin français dont l'opulence est dégraissée par la précision de l'harmonisation, il ose des contrastes dignes d'eux. Mieux encore, il leur arrache le monopole des redoutables Duetti, auxquels le clavicorde, joué avec une virtuosité superlative, rend tout leur naturel expressif. Ajoutons l'élégance de l'agrémentation et des cadences rapportées, le recours parfait aux notes inégales, le sens de l'affect qui rend à chaque fugue un caractère, et aux deux ricercari de L'Offrande leur monumentale musicalité... Oui, nous révérerons toujours Leonhardt, mais cet Art de la fugue‑ci a ce qu'il faut pour nous captiver. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews