Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑Christophe‑Pucek Gravir les plus vertigineux sommets nécessite de choisir attentivement son compagnon de cordée. Pour sa seconde ascension des Sonates et Partitas de Bach, Thomas Zehetmair aurait pu, comme en 1983, s'en tenir à la sécurité et au confort modernes; il a préféré se souvenir du pupitre partagé avec Alice Harnoncourt au sein du Concentus Musicus de Vienne, et se risquer à utiliser deux instruments (un anonyme du Sud‑Tyrol, ca. 1685, et un Joannes Udalricus Eberle, ca. 1750) et archets baroques. Le recueil calligraphié en 1720 condense un art d'une étonnante variété, d'une exigeante virtuosité, d'une densité parfois terrifiante Reflet, peut‑être, de la connivence qu’entretenait Bach avec le violon: il lui devait son premier emploi salarié, et lorsqu'il dirigeait un ensemble, il le faisait de préférence depuis son archet. D’âpretés en caresses, de brasillements en ténèbres, ces six Sonates et Partitas alternées laissent exécutant et auditeur face à leurs émotions, à leurs limites, nus à eux-mêmes. L’auteur ne les avait‑il pas avertis ? Le solennel Sei Solo de la page de litre manuscrite peut ausi s'entendre « Tu es seul ». À chaque interprète de relever le défi avec son âme propre. Celle de Zehetmair est ardente, à n'en pas douter, jusqu’à empoigner sans ménagement ; sa lecture captée six mois à peine après la mort d'Harnon-court semble parfois, par ses accès de virulence, convoquer ses mânes. Elle sait également tourbillonner pour se vêtir de lumière(AIlegro de la BMV 1003), se faire bruissement impalpable (Double de l'Allemande de la BWV 1002) véloce comme un frisson (Gigue de la BWV 1004). Tour à tour mordante et aérienne, la Chaconne est vécue comme un lent éveil intérieur, entre fêlure et grâce. Sans doute Zehetmair n'y atteint‑il pas l'équilibre solaire d’Amandine Beyer (Zig‑Zag Territoires), pas plus qu'il ne frôle les abîmes ouverts par Hélène Schmitt (Alpha). Sans doute aussi certains de ses traits trahissent‑ils une pratique autre que celle du vioIon baroque. Sans concession à la joliesse, le chemin qu’il trace à travers doutes, efforts et illuminations rend néanmoins son approche saisissante et durablement attachante. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews