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Diapason # 685 (12 /2019)
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Analyste: Denis Morrier

Après le disciple, le maître ! En 2012, Philippe Jaroussky s'illustrait dans les « Arias for Farinelli by Porpora » (Erato, cf. no 617), partageant avec Cecilia Bartoli, son amie et modèle, deux réjouissants duos. Cinq ans plus tard, la prima donna se travestit en divo et immortalise à son tour une galerie de personnages taillés sur mesure pour le célèbre castrat. Les deux artistes semblent ainsi nouer un étroit dialogue par disques interposés: Bartoli s'approprie le tempétueux « Come nave in ria tempesta » (tiré de la Semiramide de Porpora), que Jaroussky avait abordé, lui‑même répondant au redoutable « Come nave in mezzo all'onde » initialement magnifié par la cantatrice dans son récital dédié à l'art des castrats du XVIIIe siècle, « Sacrificium » (Diapason d'or, cf. no 573). Elle s'empare aussi de l'aria avec trompette concertante « Nell' attendere » (Porpora), que l'élève traitait avec une fougue légère, pour délivrer ici une véritable leçon de virtuosité volubile et d'intelligence dramatique. Parmi les plus éblouissantes propositions de ce programme figurent deux airs inédits, dont ce « Lontan... Lusingato dalla speme », déniché dans le Polifemo de Porpora.

Sublime dans l'élégie, notre musicienne s'appuie sur une stupéfiante maîtrise du souffle pour ciseler d'immenses phrases lyriques avec une délicatesse et une précision admirables. On y applaudit une digne héritière de l'art aristocratique et raffiné qui distinguait, en son temps, Farinelli de ses nombreux rivaux.            

Lui aussi inédit, le pyrotechnique « Se traditor tu sei », fut composé à l'intention du castrat par son frère Riccardo Broschi. Il tient de la pure démonstration de virtuosité et d'agilité. La Bartoli y opère une métamor-phose étonnante . le timbre se fait paradoxalement plus profond et chaleureux, l'artiste explore avec aisance tant le registre de contralto que celui de soprano, ses vocalises sont comme à l'habitude articulées avec précision. Cette technique impériale illustre avec brio, jusque dans les passaggi les plus volubiles, l'idéal d'agilità tant martellata que staccata, décrite dans les traités anciens et que prétendait révéler, il y a plus de trente ans, l'improbable Nella Anfuso dans un enregistrement si rebutant qu'il en paraît aujourd'hui parodique (Auvidis, 1987). 

D'autres arie di furor impressionnantes elles aussi, comme le si théâtral « A dio trono » (Marc’Antanio e Cleopatra) de Hasse alternent avec des pages plus intimistes, tel le poignant « Mancare o dio, mi sento » (Adriano in Siria) de Giacomelli. Les passions les plus variées se déchaînent ainsi d'une plage à l'autre, soulignées avec grâce et inventivité par les flamboyants instrumentistes du Giardino Amnonico, et par le geste sûr de Giovanni Antonini, à la puissance évocatrice quasi expressionniste. Ce récital « au poil » se referme sur «  Alto Giove », radieux lamento du Polifemo de Porpora. Un joyau de délicatesse qui, plus encore que les extraordinaires déchaînements de virtuosité, rend Cecilia Bartoli irremplaçable, à l'instar de Farinelli.


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