Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 685 (12 /2019)
Pour s'abonner / Subscription information


Ambronay
AMY053


André Cardinal Destouches: Issé Product Image

Code-barres / Barcode : 3760135100538

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin
 

Automne faste que celui de 1697. Il vit naître L’Europe galante de Campra, modèle de l'opéra-ballet, et, avec Issé de Destouches (créée à Trianon), la formule à succès de la pastorale héroïque où un dieu déguisé en berger met à l'épreuve l'amour d'une nymphe ‑ aux commandes à chaque fois, le poète Houdar de La Motte. C'est dans sa version augmentée de 1708 qu'Issé devint un chef‑d'oeuvre pour tout le siècle, et madame du Deffand le citera avec Castor et Pollux comme antidotes au « charivari » des oeuvres de Gluck. Après avoir gravé une sélection remarquable des Éléments de Destouches et Lalande (cf. n° 648), Louis‑Noël Bestion de Camboulas est le premier au disque à réveiller la belle endormie, sur la base de la partition éditée en 1724. Séduisant en dépit d'une justesse çà et là vacillante, très présent (même pour le seul continuo), son orchestre ignore l'oisiveté et soigne les coloris essentiels à cette poésie (flûte en vedette) comme le délié des danses, évitant le double écueil de la miniaturisation et du figement. Cependant la crainte, dès le prologue, que la volupté pastorale ne respire pas assez se confirme en partie, notamment pour la séquence du sommeil, où la gradation du « doux » au « très doux » et de façon générale l'onirisme de l'allure, des nuances, paraissent trop peu cultivés. Et que la célébration conclusive semble expéditive... Déception d'autant plus sensible que la scène finale, remplie d'Européens, de Chinois et d'Américains dansants, est abruptement réduite à sa section chorale. Outre la suppression d'une courte scène d'Apollon (III 1), la fête qui clôt le III mais encore plus celle de l'acte Il sont estropiées, au risque d'altérer les équilibres internes, et sans contrainte du minutage. Reste une distribution de tout premier ordre, à commencer par les beautés et le verbe pénétrant du choeur versaillais. Les silhouettes sont supérieurement incarnées, Eugénie Lefebvre en tête. De même le couple volage de Pan et Doris en contrepoint de l'action. En Hylas inquiet Thomas Dolié sait allier profondeur élégiaque, réponse dramatique et allègements contemplatifs. Tâchant de contenir un chant spontanément vibrant, Mathias Vidal approche les faux‑semblants de cet Apollon cru berger lors de rencontres qui préfigurent le marivaudage.

Gloire enfin à Issé, qui n'est pas une bergère de rechange: Judith Van Wanroij ravit par ses couleurs, sa dignité, l'intelligence de sa déclamation, son sens de l'allusion aussi. Bénéficiaire de monologues tous magnifiques mais aussi de dialogues tissés de non‑dits, elle trouve là un accomplissement majeur, digne de la créatrice de 1708, Françoise Journet, dont on disait que « jamais rien n'a paru de si touchant à la fois et de si majestueux ». En dépit de ses manques, une parution capitale dans la discographie de l'opéra français.

 


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)

Pour acheter l'album
ou le télécharger


To purchase the CD
or to download it

Choose your country and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews