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Classica # 217 (11 / 2019)
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Sony 19075944462

Scarlatti: 52 Sonatas Product Image

Code-barres / Barcode : 190759444627

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Philippe Venturini

ON DIRAIT LE SUD

Et le temps semble suspendu avec Lucas Debargue jouant les 52 Sonates de Scarlatti.

Les azulejos choisis comme illustration de couverture, du coffret et de chacun des quatre disques, indiquent clairement le Sud, celui de la péninsule Ibérique, où Scarlatti s'installa à partir de 1719 : le Portugal, puis l'Espagne. Mais leur motif ne semble rien devoir au hasard. Pas de sujet figuratif, pas de paysage ni de scène de la vie quotidienne. Les circonvolutions, symétriquement dessinées autour d'une fleur, paraissent résumer la musique de Scarlatti, celle d'une fantaisie organisée, d'un artisanat soigneusement élaboré. Et elles annoncent l'interprétation de Lucas Debargue: la courbe n'interdit pas la netteté du trait, la forme ne bride jamais l'imagination.

Et comme l'artiste considère, à raison, que cette musique vaut mieux qu'un apéritif digital, il a décidé d'ouvrir son programme non pas par un feu d'artifice de trois minutes mais par un Andante de neuf. La merveilleuse K. 206, qu’on s'étonne de croiser si rarement dans les récitals des pianistes, dont il révèle, sans jamais appuyer le trait, l’incommensurable mélancolie. Un Adagio de plus de huit minutes, la Sonate K. 109, en la mineur, referme ce premier disque sur une palette de nuances millimétrées et délicates, l'humeur pensive et fière.

Mais, qu’on se rassure, Lucas Debargue n’a pas voulu se distinguer en ne présentant que la face lunaire de Scarlatti, occultant systématiquement la solaire. Ses décisions restent certes originales : le programme (des sonates peu jouées), l'instrument (un Bösendorfer), le jeu (« je me suis passé presque entièrement de l'usage des pédales », précise‑t‑il). Mais ses doigts ne regimbent pas devant un mouvement perpétuel en doubles croches (K. 25) ou un 618 endiablé (K. 405).

Loin de la pose d'un Pletnev (Warner, 1994) ou des foucades d'un Pogorelich (DG, 1991), moins crépusculaire que Zacharias (Warner, 1979­1994), Lucas Debargue joue cette musique avec une étonnante aisance (K. 115), un sourire en coin (K. 308), le geste toujours finement articulé (K. 32), la polyphonie lisible, entretenant l’ambiguïté (K. 308) ou feignant la désinvolture (K. 193) avant de prendre congé la tête dans les étoiles (K. 247). Celles, si nombreuses, qu’accroche le clair ciel du Sud.

 


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