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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Roger‑Claude
Travers La Juditha triumphans de Jordi Savall arrive au bon moment, car aucune version recommandable à tous égards n'est actuellement disponible. Si on oublie celle de Negri (chez Philips), à la battue lourde, malgré une Finnilä poignante en Judith et une Ameling éblouissante en Vagaus, que reste‑il ? McGegan (Hungaroton, rééd. Brilliant) et Sardelli (Tactus) réunissent l’instrumentarium adéquat mais déçoivent par des plateaux vocaux modestes. De Marchi (Naïve) a des atouts. Mais les outrances des chanteurs dans ce barnum opératique et le manque de densité de Montis Regalis ne tiennent pas la route, malgré la Judith de Kozena. La référence existe pourtant, gravée en 2002 par Diego Fasolis (RTSI Multimedia), avec la plus forte des Judith, Sara Mingardo à son apogée, et le Vagaus agile d'Invernizzi. L'implication dramatique des récitatifs et la cohérence des voix judicieusement choisies charment et surprennent tout du long. Hélas ! cette version n'existe plus qu'en fichiers numériques sur les sites marchands. La nouvelle venue, enregistrée live à la Philharmonie de Paris le 15 octobre 2018, au lendemain d'un autre concert à Beaune, souffre d'insuffisances saillantes. Avant tout, la mezzo norvégienne Marianne Beate Kiekland n'est pas une Judith. Où sont le legato, la stabilité dans le registre grave ? Voix sans mystère, moins concentrée que Mingardo, elle manque également de densité émotionnelle (« Quanto magis generosa »). On n'est pas captivé, et l'ornementation paraît un peu forcée. L'implacable « ln somno profundo » est assez réussi, même si on ne sent pas le doigt divin au-dessus de sa tête. Rachel Redmond est un Vagaus agréable, à l'aise dans le climat élégiaque d'« Umbrae carae », impliquée dans le furieux « Armatae face », mais à l'agilité par moment limitée dans « Quamvis ferro ». Si une voix de peu d'envergure pour Abra la servante peut se concevoir, pourquoi Savall a‑t‑il également sacrifié Holopherne ? L'instrumentarium est bien restitué et le choeur féminin aussi probant que celui de De Marchi. L'accompagnement orchestral n'est jamais outré, mais confortable, avec des nuances dynamiques moins nettement sculptées que dans la version Fasolis. L'enchaînement des récitatifs aux airs est souvent flottant. L'illustration du contexte dramatique déçoit parfois, comme ce « O servi volate » trop placide pour illustrer des serviteurs qui s'agitent. Savall n'a pas vaincu Judith. Réécoutez Fasolis avec Mingardo! |
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