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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Philippe Ramin Discrètement évoqué dans l'album « Chaconne » (Naïve, 2010), l'oncle de François Couperin inspire à Rinaldo Alessandrini son premier récital consacré à la musique française. La composition des Suites, qui reste à la discrétion de l'interprète, a été élaborée à partir des manuscrits Parville et Bauyn. Le claveciniste romain a également pris modèle sur l'agencement particulier du manuscrit Oldham, où la gigue, comme chez Froberger, n'est pas forcément une pièce de conclusion. Il a largement suivi les choix éditoriaux de l'édition Moroney (altérations, basse au début du Prélude en ré mineur), dans ces trois Suites où les pièces d'envergure voisinent avec quelques mignardises (Menuet de Poitou, Pastourelle). La notice n'est pas avare sur la question de la syntaxe de la langue française, son organisation rythmique, sa ponctuation (grand sujet des exégètes du temps), et fait état des liens serrés entre prose et discours musical. Question passionnante, dont l'interprète aurait pu tirer des fruits plus mûrs. Son jeu reste à l'écart de ces pistes d'étude, du moins dans les danses. Peut‑être aura‑t‑il cru utile de simplifier le trait pour l'enregistre-ment ? Le déroulé précautionneux des allemandes, au chemin semé de pauses, évoque quelque règle de lecture systématisée, comme le second temps précipité des sarabandes. Tension et détente sont effacées, l'air est singulièrement raréfié. La chaconne en fa perd son parfum désinvolte et charmeur, les Canaries sont bien lourds. Les préludes à la déclamation prudente mais empreints d'une certaine noblesse de ton ne font pas clairement la distinction entre les épisodes animés (en style de toccata) et les sections où le rythme harmonique alangui suggère davantage le genre du tombeau. Cette proposition, non point neutre mais d'un gris inattendu pour un compositeur aussi aventureux que Louis Couperin, n'ajoute pas une voix convaincante aux lectures engagées et poétiques qui ont balisé la discographie depuis Christopher Hogwood jusqu'à Christophe Rousset l'an dernier (Diapason d'or, cf n° 672). |
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