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Diapason # 683 (10 /2019)
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Harmonia Mundi
HM902259




Code-barres / Barcode : 3149020938782

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Philippe Ramin

L'écriture en trio est pour Bach un terrain de jeu où le choix de l'instrumen-tation semble souvent secondaire, la Sonate pour viole de gambe et clavecin obligé BVW 1027 se voit ainsi redéployée dans une véritable sonate en trio. Antoine Tamestit, quand il la retouche légèrement pour substituer son alto à la viole, reste nettement plus proche de l'état original que ne l'est Bach lui‑même. Assez rare au disque, cette option était naguère illustrée par le grand Josef Suk avec Zuzana Ruzickova (Praga).


Si on perd le beau nuage harmonique de la viole et la spécificité marquée de ses registres, on ne peut qu'être séduit par le Stradivarius de 1672 (probablement monté en boyau) et le jeu très affûté de Tamestit sur un archet baroque. Le sens de l'articulation, la pertinence de l'analyse et le phrasé très étudié favorisent l'épanouissement du contrepoint. La lisibilité des mouvements rapides pose parfois un défi à la viole, dont les résonances et l'ampleur des graves risquent de voiler les deux parties du claveciniste. Elle est ici optimale (BVVV 1027 en sol majeur). Dans la BVW 1028 en ré majeur, le chant aérien d'un Andante traité en sicilienne répond à la tendre plainte d'un Adagio élégiaque. L’ajustement très habile des positions d'archet est un atout majeur de ce Bach très incarné et solaire. 

Sans venir du sérail « historiquement informé », Tamestit apporte d'excellentes réponses aux questions orne­mentales et tire des coulés de tierce, gruppetto et autres appoggiatures une vocalité convaincante. La vitesse inhabituelle du Vivace en sol mineur (BVW 1029) n'exclut jamais la précision du trait. Dans l'Allegro en ré majeur, où l'alto est affranchi de toute pesanteur, la dimension concertante de l'écriture est soigneusement mise en scène avec Masato Suzuki, particulièrement inspiré, parfait chambriste à la main gauche diablement efficace et élégante. Cerise sur le gâteau, la très pertinente transcription de l'aria pour ténor extraite de la Cantate 5 ne laisse aucun doute sur les affinités profondes de ce duo inattendu avec l'univers expressif du Cantor.                      


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