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Classica # 216 (10 / 2019)
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Alpha
ALPHA438




Code-barres / Barcode : 3760014194382

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Analyste:  Philippe Venturini
 

TROMPE-L’OREILLE

Quand l'Église s'empare du répertoire profane pour chanter la foi, le jeu des illusions brouille les repères. 

Anamorphose : triomphe du baroque, au XVIIe siècle italien, et de ses figures symboliques : la transformation, la torsion, l’illusion, la Rome du Bernin et de Borromini où les églises deviennent le théâtre de la foi. Le Poème Harmonique propose de constater ce basculement, de rappeler comment le sacré peut s'inspirer du profane pour propager le discours de la Contre‑Réforme.

Cet « Anamorfosi » prolonge ainsi l'expérience de « Nova Metamorfosi » (Alpha, 2003), disque dans lequel apparaissait déjà Aquilino Coppini, retravaillant en prières les madrigaux de Monteverdi. Il revient, substituant le berger de Dorinda, ah, diro mia par la Vierge de Mariaqui ploras. Il est rejoint par Ambrosius Profe et Virgilio Albanese, qui modifient respective-ment Altri canti di Marte e di sua schiera et Si dolce è ‘l tormento. Sur le même principe, le Lamento de la regina di Suezia de Luigi Rossi, enregistré entre autres par Romina Basso (Naïve, 2010) et Anne Sofie von Otter  (Naïve, 2012), devient Un allato messagier, douloureux récit de la Passion interprété avec une intensité impressionnante par Eva Zaïcik. Signalons également des extraits de La vita humana, opéra sacré de Marazzoli, que Vincent Dumestre et Le Poème Harmonique avaient interprété dès 2006.

Ces musiciens, depuis leurs débuts, ont toujours fait montre d'une rare intelligence de ce premier baroque italien,  de sa troublante sensualité et de son harmonie capiteuse mises au service du texte. Aussi ne s'étonnera‑t‑on pas de retrouver cette sonorité instrumentale ample et voluptueuse (lirone, violone) et cette homogénéité vocale, très bien restituées par la prise de son de Vincent Mons, dont les jeux d'ombre et de lumière semblent empruntés aux tableaux du Caravage ou de Ribera. En ouverture de programme est proposée une version originale, c'est‑à‑dire ornée, du célèbre Miserere d'Allegri. L’interprétation de cette musique où alternent deux choeurs, de quatre ou cinq chanteurs, ponctués par la psalmodie, si éloignée de la blanche lumière des versions britanniques, hypnotise jusqu’au ver tige. Vertige de l'anamorphose, bien sûr. 


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